Saharidj / 27 juin 1957 : Bigeard atterrit à… Saharidj et commet un génocide

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Mettant à exécution son plan de « pacification » dénommée « opération nettoyage » et après avoir mis à feu et à sang la région des Aurès en 1956, le sinistre général Bigeard revient avec ses bataillons de parachutistes, de blindés et d’avions de chasse s’attaquer aux régions du centre, en commençant par l’historique wilaya 4 et le Djebel Bouzegza pour arriver enfin en wilaya III, où il débarqua d’un hélicoptère un 27 juin 1957 à Saharidj, au lieudit Iggnane à proximité de l’actuel siège de l’APC, pour superviser son opération de nettoyage d’une durée de 03 jours soit du 27 au 29 juin 1957.

Le périmètre de ce vaste ratissage s’étend d’Assif N’Sahel commune d’Ahnif à Taghzout n’Ath Mansour passant à l’est par Chorfa, Takerboust jusqu’au col de Tirourda et à l’ouest d’Assif Assemadh, la crête rouge commune d’El Adjiba, jusqu’au sommet d’Assouel et Tizi N’Koulal.

Les personnes âgées de Saharidj se souviennent de l’atterrissage de Bigeard aux « plateaux de Saharidj » accompagné de gros avions transporteurs de troupes, sortes d’hélicoptères en forme de banane. Ces citoyens décrivent cette arrivée spectaculaire accompagnée de plusieurs bataillons de parachutistes largués au dessus de Saharidj, appuyés par des dizaines d’unités d’infanteries blindés et d’Alftracks qu’ils comparent à une véritable invasion de sauterelles

Aussitôt arrivé ce tristement célèbre général installa son PC au lieudit Tayda n Lemsara (l’actuelle cité au centre urbain de Saharidj) avec un autre poste avancé au lieu dit Thalouine en haute montagne sur le flanc sud de Tamgout d’où il supervisa le déroulement de cette opération d’envergure. Les mêmes citoyens se rappellent avec effroi que le PC de Tayda n Lemsara était composé d’environ, une centaine de tentes militaires entourées de fil de barbelé et comprenant un centre de tri des prisonniers, un autre de torture et enfin un 3e réservé aux exécutions sommaires

A proximité de ce camp, se trouve un cimetière qui porte le même nom ; dans ce cimetière ont été aménagées deux fosses communes où dans la première ont été enfouis pêle-mêle les corps de 27 Chouhada exécutés sur ordre de Bigeard, et par contre dans la deuxième, était 18 autres martyrs qui ont été ensevelis.

Le « pacificateur » a laissé derrière lui, rien qu’en ce lieu, un charnier d’où ont été retirés 45 squelettes après l’indépendance et cela, sans compter ceux froidement abattus en d’autres lieux pris dans le périmètre de l’opération, le bilan macabre de Bigeard fait état de 58 martyrs identifiés et de 24 victimes inconnues ramenées d’autres régions tel que Ath Lakser, El Asnam, Bechloul et même d’Ath Mlikheche, Thakerboust d’El Mehir, Haraza, Fedhala (w. de Bordj) et d’Ath Abbas et Ath Ouartilane dans la wilaya de Sétif.

Mais tous s’accordent à dire que le nombre de victimes serait beaucoup plus élevé sachant que beaucoup d’entre ces martyrs, n’ont pas été découverts, après l’opération.

A noter que tous ces Chouhada sont en majorité des civiles ramassés et fait prisonniers, au fur et à mesure de l’avancée de l’opération.

Les Moudjahiddine devant la suprématie de l’ennemi en nombre et en logistique ont évité un affrontement direct et ont quitté momentanément la zone d’opération, exception faite du groupe de Malika Gaid qui a été accroché à Taguemount entre le village Ivelvaren et celui d’Iwakouren, cette Moudjahida qui exerçait en qualité d’infirmière refusa de se rendre et se défendit héroïquement jusqu’à épuisement de ses munitions, elle tomba au champ d’honneur le 27 juin 1957, trois de ses compagnons, deux infirmières et un guide furent prisonniers.

Le 2e groupe accroché à quelques encablures le lendemain, au lieudit Avaznou est celui du lieutenant Amrouche Mouloud natif du village Iwakouren, ce valeureux officier qui a fait parler de lui dans la région, s’est défendu comme un lion à son tour et résista jusqu’à la dernière cartouche, il tomba en martyr le 28 juin 1957 ; nous reviendrons dans nos prochaines éditions sur ces deux moudjahid qui ont marqué l’histoire de la Guerre de libération

La 2eme raison qui a fait renoncer aux combattants de l’ALN à aller à l’affrontement est le fait que, les « courageux » sbires de Bigeard se sont lâchement entourés d’un « bouclier humain » constitué de prisonniers civils, c’est pour épargner ces civils que plusieurs Katibates des moudjahiddine ont renoncé à aller au devant de l’ennemi et l’accrocher.

Au 3eme jour, soit le 29 juin 1957 et devant son maigre bilan, Bigeard se rabat sur les prisonniers désarmés qu’il assassina froidement en menant en parallèle, sa sale politique de « terre brûlée » en rasant un grand nombre de villages et cela, avant l’intervention de l’aviation qui acheva l’opération de « pacification » en aspergeant copieusement au napalm tout le périmètre inclu dans le ratissage, n’épargnant ni les cultures ni les forêts ni encore moins les animaux sauvages et même domestiques ; sachant que des troupeaux d’ovins, de bovins et de caprins ont été décimés au napalm et aux gaz asphyxiants, les poules quant à elles, elles ont fait les frais des mercenaires de la légion étrangère qui les enfouissent dans leurs musettes après leurs avoir tordu le cou ; De courageux soldats qui s’attellent au pillage des villages s’emparant de tout objet ayant une quelconque valeur : tissus, tapis, bijoux, argent. et achèvent leur « mission civilisatrice » en détruisant toutes les réserves de nourriture et de céréales des populations de ces zones rurales réduites à la famine par celui qui est sorti de Dïen, Biën Phu (Vietnam) la queue entre les jambes, après avoir reçu une belle raclée.

O. S.

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