«La chanson kabyle est malicieusement censurée»

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A l’occasion de la commémoration du douzième anniversaire de l’assassinat de Lounès Matoub, Karim Abranis le père fondateur du groupe de rock kabyle des années 70, a été l’invité de marque de l’association Amgud. C’est au niveau de la salle polyvalente de la maison de jeunes Arezki Mansouri que Karim s’est livré à cœur ouvert au public.

Après s’être présenté aux jeunes, venus découvrir cet illustre rockeur, des questions ont fusé de partout.

Accompagné de son manager, de sa fille et de son producteur, Karim a répondu de manière très franche. «Nous sommes montés sur scène en 1973 à la salle el Mougar. Ce n’est qu’après avoir chanté trois de nos chansons que les organisateurs s’étaient aperçu que nous chantions en kabyle. Si vite, le rideau était tombé. D’ailleurs, même le directeur du journal El Moudjahid a été vivement sermonné par feu Houari Boumediène en personne», s’est-il rappelé. C’est pour dire que ce n’était pas facile de chanter à cette époque là. Karim Abranis explique à l’assistance, l’origine de cette appellation. «Nous avons puisé ce nom dans des livres d’Histoire.

Branis était une ethnie berbère sédentaire et nous avions choisi cette dénomination. Même pour les journalistes qui nous avaient demandé ce que voulait dire Branis, nous n’avions pas donné la version exacte. Chami, un membre de notre groupe leur avait dit qu’il s’agissait d’un lieu-dit.»

Pour lui, ce que les Abranis avaient apporté à la chanson kabyle, c’était la technologie avec tous ses instruments nouveaux.

En réponse à une question sur ce qu’a apporté son groupe pour la revendication amazighe, Karim a répondu que des chansons comme Amzru et bien d’autres étaient tout un combat. « Malheureusement, on ne passait que les chansons Lynda, A ya vahri, A thizizoua», a-t-il constaté. Pour Karim, la chanson kabyle n’est pas en régression, tout au contraire, il y a, selon lui, une grande quantité. «Nous constatons qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de jeunes qui chantent. La qualité viendra», a-t-il ajouté avec une pointe d’optimisme tout en encourageant les jeunes à aller de l’avant et à persévérer dans ce domaine, en faisant quelque chose de respectable, et de barrer la route aux autres styles. «Ce qu’il faut dire est que la chanson kabyle est censurée malicieusement. Le pouvoir ne nous a pas ménagés. Nous avons demandé à participer à de nombreux festivals au niveau national, mais nos requêtes sont restées sans réponse. Il n’y a pas de salles, il n’y a rien. La censure existe et certains ne le savent pas», a enchaîné Karim.

Cet artiste a éclairé l’assistance sur de nombreux points qui étaient encore flous dans les esprits. Il a exhorté les jeunes à lutter dans leur pays et à y monter leurs projets ; «C’est votre pays. Il ne faut pas l’abandonner aux autres», a-t-il insisté. Avant de conclure cette rencontre conviviale, Karim a dédicacé certains de ses produits et affirme que son éditeur est en phase de mettre sur le marché un coffret des produits Abranis.

Au terme de cette rencontre, l’association Amgud lui a remis un cadeau offert par l’APC de Draâ El Mizan. «Nous reviendrons à Draâ El Mizan pour un concert in challah», a-t-il promis.

Amar Ouramdane

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