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Absence de stratégie d’approvisionnement de l’Onaaph

Les stomisés de la wilaya de Béjaïa se plaignent de plus en plus de la gestion de la distribution de poches par l’Office national des accessoires pour handicapés (ONAAPH). Souvent, rapporte Rachid Mansouri, le président de l’association des stomisés de Béjaïa, fraîchement réélu à son poste, l’approvisionnement en poches par l’Onaaph, est dépourvu d’une planification cohérente, puisque les pénuries en poches sont récurrentes et causent d’énormes ennuis aux malades. Il est bien curieux de savoir pourquoi l’on revit fréquemment cette situation en dépit du fait que les poches, produit importé sont toujours disponibles sur le marché international. Mansouri nous donne quelques explications. Primo, l’Onaaph considère les poches comme un produit de seconde catégorie par rapport aux autres appareillages, tels que les prothèses, les fauteuils roulants, les chaussures orthopédiques, les appareils auditifs… “Pourtant la poche pour stomisé est incluse par le ministère de la Sécurité sociale et du Travail comme un appareillage et de ce fait, le stomisé est par extension considéré comme un handicapé», rappellera Mansouri. La deuxième raison expliquant la récurrence de cette pénurie réside aussi dans la faible quantité de poches importées. “L’importateur importe ce que l’Onaaph lui recommande», tranche encore notre interlocuteur. Pour lui, l’Onaaph ne fait pas de statistiques pour savoir combien y a-t-il de stomisés dans le pays et par wilaya, donc elle ne sait pas combien de poches doit-elle commander pour assurer une prise en charge des malades sur une telle ou telle durée. Quant à l’importateur lui-même, ce qui l’intéresse le plus, c’est de se contenter d’acheter une quantité limitée pour l’écouler rapidement et réaliser des profits rapides. Il n’a nul souci d’importer en grande quantité de telle sorte à ce qu’il n’y est plus rupture de stock. Ni l’Onaaph et encore moins les importateurs privés ne pensent donc à constituer des stocks de poches pour tranquilliser les malades. “La durée de vie d’une poche est pourtant très longue», rappelle encore M. Mansouri. La vision mercantiliste de ces importations est vigoureusement dénoncée. Il cite le cas des poches pour bébés qui ne rentrent jamais dans la ligne de compte des importateurs qui ne pensent qu’aux adultes car ce sont celles qui se commercialisent le plus. Que faire devant une telle situation ? Pour M. Mansouri, pour contrecarrer cette attitude mercantiliste et irresponsable, il y a lieu de revoir complètement la gestion de l’approvisionnement en poches. “Il faut que cela soit des laboratoires spécialisés dans la stomathérapie, qui seraient mieux placés pour l’importation de poches. Il faut que cela soit régi comme dans les autres domaines, comme par exemple, pour l’importation de médicaments. Il ne faut pas que cela soit fait par tout le monde, c’est-à dire importer des poches. Il faut des spécialistes maîtrisant la profession qui doivent s’occuper de l’importation», suggère donc M. Mansouri. Autre chose. M. Mansouri s’interroge sur les raisons de l’inexistence d’un laboratoire algérien de fabrication de poches d’autant qu’il est facile de les fabriquer. Son interrogation est cependant sans réponse, même si l’on doit savoir l’importation de poches pour stomisés est un créneau très lucratif sur lequel des lobbies continuent de faire main basse.

Ces lobbies sont-ils plus forts que l’Etat ou bien y a-t-il impuissance ou complaisance de ce dernier ?

K. D.

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