Abécédaires de quelques moments / forts d’une fête de mariage

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Abernus (burnous)

Incontournable “accoutrement” que le “isli” (le marié) porte au moment du henné. Le burnous est de moins en moins porté notamment par les Kabyles vivant en dehors de la kabylie. Le “abernus” est aussi (mais de moins en moins) portée par la mariée, au moment où elle quitte le toit familial. Il est bien entendu porté sur la robe de mariée.

Akhalkhal

Le mot, qui a le sens de “cadenassé», revient souvent, après la nuit de noce, si toutefois la mariée n’a pas été honorée. L’explication est, tout de suite, trouvée dans cette allusion au fait que, très tôt, la jeune mariée “tettwacekkel” (a été cadenassé), pour préserver sa virginité. On fait alors appel aux vieilles rodées à l’art de “cekler” et de “décekler”.

Cortège

Procession de véhicules “emmenant” la mariée dans sa nouvelle demeure. Les plus belles voitures du village sont invitées à “tameghra», avant leurs propriétaires. Le cortège est indispensable même si la nouvelle demeure de “tislit” est à deux pas. L’ostentatoire oblige, le cortège ira en ville et y fera un tour, avant de rentrer au village.

Costume

C’est, pour les communs des kabyles, la seule fois où le “isli” porte un costume (un trois pièces et cravate). Cela se comprend d’ailleurs à la manière dont il est porté : rarement sur mesure, télescopage des couleurs… Bref, on sent que le pauvre “isli” n’est pas dans sa peau.

Aman (eau)

Denrée rare en été en Kabylie. Du coup, des citernes sont mobilisées pour la circonstance.

Anekcum n wexxam

Le lendemain de la fête, parents et famille de la mariée rendent visite à leur fille. Ils y sont reçus avec des youyous signifiant que la mariée a été honorée. Ils s’y rendent, bien sûr, chargés de toutes sortes de gâteaux. Dans beaucoup de région de Kabylie, les parents de la mariée se rendent chez les futurs beaux-parents de leur fille, bien avant le mariage. Cette visite fonctionne un peu comme une inspection des lieux, histoire de voir si le “axxam” sied à leur fille.

Aqentar (le quintal)

La mesure désigne la semoule que le futur époux est tenue d’acheminer chez “idulan-is” (ses beaux-parents), avant la fête. Le quintal de semoule est souvent accompagné d’un mouton. Et plus ce dernier est fort, plus le “isli” est grandi aux yeux des “idulan”.

DJ et non-stop

Le disque jockey et la chansonnette non-stop s’invitent de plus en plus dans “timeghriwin” kabyles. L’intrusion et l’anachronisme sont flagrants lorsque ces sons électroniques sont convoqués dans les villages.

Henni (henni)

Et le “isli” et “tislit” passent par “le cérémonial tatou”. C’est le moment fort de “tameghra” où chacun de son côté les futurs mariés sont encensés par un genre de poésie que l’on appelle “azenzi n lhenni”.

Idebbalen

Troupe folklorique sans laquelle on ne peut imaginer une “tameghra” made in Djurdjura. La troupe “joue”généralement dans un espace public du village, de sorte que tous les villageois puissent en profiter. Mais le spectacle ancestral a tendance à être supplanté par la fadeur des DJ et du non-stop.

Imensi

Le moment où tout le village (du moins jusqu’à il y a quelques années) est convié à déguster l’incontournable “seksu», le plat qui, par excellence, révèle “tameghra”. Et à ce propos, les choses changent aussi. Les “m’thawen», “hem lehlu», “chorba frik”… s’incrustent de plus en plus jusqu’à faire de l’ombre au couscous convivial.

Isli (le marié)

En kabyle, le mot “isli” va plus loin que l’idée rendue par le concept français “le marié”. Le “isli” kabyle est, pour ainsi dire, un roitelet bichonné par tous et à outrance, le temps que dure “tameghra”. Tout le monde est à son écoute. Tout le monde lui prodigue les meilleurs conseils à même d’honorer sa virilité.

Lâada (la coutume)

Nuit de noce, aux environs de minuit, le “isli” entre dans sa chambre et en ressort tout de suite muni d’un panier d’œufs durs, de gâteaux, bonbons… Il remet le tout à des enfants qui attendaient ce moment de “laâda”. Et c’est la bousculade parmi les bambins, voire les adultes.

Lfatiha (la fatiha)

Le “ameqran n taddart», ou l’imam, autorise religieusement l’union en présence des parents (ou tuteurs) des mariés et des témoins. Depuis près d’une année, l’imam exige le livret de famille, avant la “lecture de la fatiha”.

Tislit (la mariée)

Elle aussi est reine absolue, le temps que dure “tameghra” et avant qu’elle ne se retrouve dans les cuisines sous les ordres de la belle-mère. A elle aussi, on prodigue les meilleurs conseils inhérents au “ahahi” du lit conjugal.

Tissit (boisson)

Détrompez-vous, il ne s’agit pas de gentilles bouteilles d’eau gazeuse que l’on vous servirez pour “mieux” entasser le “seksu”. On ne peut imaginer une “tameghra” sans boissons alcoolisées qui y coulent à flots et sous toutes les formes.

Mystère, cependant : vous sentirez l’alcool partout, mais vous ne verrez jamais un verre, encore moins, une bouteille.

Urar

Chant sur fond de percussions “amendayer” exécutées exclusivement par les femmes et pour les femmes. Les “mâles” de la famille n’y sont cependant pas exclus. Le “urar” aussi à tendance à disparaître pour laisser place aux Allaouas et consorts.

Salas O. A.

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