Les éleveurs de bovins de Béjaïa crient à l’arnaque : “Ils nous ont spolié de notre cheptel”

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Le bétail proposé est qualifié de “déchet bovin” très en deçà du prix des vaches commandées par les souscripteurs éleveurs. C’est l’argent de ces investisseurs agricoles malchanceux et celui des institutions qui est parti en fumée avec un retard dans le développement du secteur de l’élevage et de la production laitière. Les fellahs mécontents dénoncent les tenants et les aboutissants de cette affaire et refusent d’être “les boucs émissaires d’une opération dont personne ne sortira indemne», a-t-on écrit au wali afin de lui faire part de leur nouvelle option sur la vache laitière locale.

Les postulants à l’élevage bovin du programme PPDRI de la wilaya de Béjaïa se rebiffent et se disent scandalisés de la qualité du cheptel qui leur a été délivré le 27 du mois écoulé par un fournisseur de l’est du pays, ne répondant guère à celle exprimée dans leurs factures proforma. Ces désabusés bénéficiaires, au nombre de 35, ont remarqué lors de cette opération de distribution qui a eu lieu à la ferme Bennard, ex-Coupsel d’Amizour, que les 105 vaches proposées sont, selon leurs dires, d’une espèce semi-sauvage vivant en forêt destinées pour la boucherie, alors que leur choix était fixé sur des génisses pleines répondant au créneau de production de lait et de reproduction bovine. Pourtant, ajoutent les fellahs, un échantillon de ce cheptel a été bel et bien contrôlé par des responsables de la direction des forêts et des animateurs de PPDRI, quelques jours avant cette opération de livraison en se déplaçant jusqu’au locaux du fournisseur. La colère des fellahs éleveurs ne sait pas fait attendre pour dénoncer cette lacune de taille, raison pour laquelle, ils refusent d’accepter toute distribution de cette livraison, qui ne répond pas aux consignes du cahier des charges signé conjointement avec la direction des forêts de la wilaya de Béjaïa chapeautant les programmes PPDRI. Les autorités locales, dont le chef de daïra d’Amizour et un représentant du wali, se sont déplacés de sitôt sur les lieux avec un vétérinaire pour procéder au contrôle des bêtes qui s’avèrent, selon nos interlocuteurs, être loin de répondre aux normes de base de vaches laitières et de reproduction. Le fournisseur de ces “pseudo génisses bovines” est retourné bredouille avec son bétail alors que la révolte de ces éleveurs n’a fait que commencer. Une délégation des animateurs des PPDRI a été reçue le 29 juin, par le chef de cabinet du wali à qui l’on a remis une requête de dénonciation de la qualité du cheptel et dans laquelle les fellahs demandent l’intervention du wali auprès de la direction des forêts pour l’annulation de l’appel d’offres en question, car entaché de zones d’ombre. A cet effet, les fellahs qu’on a tenté d’arnaquer relèvent les failles de ce marché détourné de sa mission initiale, en premier lieu, le non-respect du cahier des charges mentionnant la contribution financière de l’Etat à raison de 29 millions de centimes pour chaque éleveur, ajouté à l’apport personnel des fellahs contraints d’investir pour honorer leurs engagements. Le bétail proposé est qualifié de “déchet bovin” très en deçà du prix des vaches commandées par les souscripteurs éleveurs. C’est l’argent de ces investisseurs agricoles malchanceux et celui des institutions qui est parti en fumée avec un retard dans le développement du secteur de l’élevage et de la production laitière. Les fellahs mécontents dénoncent les tenants et les aboutissants de cette affaire et refusent d’être “les boucs émissaires d’une opération dont personne ne sortira indemne», a-t-on écrit au wali afin de lui faire part de leur nouvelle option sur la vache laitière locale. Par ailleurs, et hormis le cheptel caprin attribué par la DF dans ce cadre PPDRI répondant aux espérances des quémandeurs, le module ovin a connu le même déclin, selon les animateurs de ces programmes de développement rural intégré. Le quota d’ovins, mâles et femelles, distribué dans cette wilaya n’a pas fait des heureux parmi les bénéficiaires, qui ont découvert à leur étonnement que ces bêtes ont dépassé l’étape de procréation, car très âgées. Ainsi, après l’affaire du ciment gris, c’est le secteur de l’élevage qui vient d’être secoué par des coups de théâtre à la limite de scandales, nécessitant des enquêtes vigoureuses.

Nadir Touati

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