L’olivier de Makouda de Christian Buono : Une mémoire revisitée

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Buonu, qui fut instituteur en Kabylie, retrace son parcours singulier en Algérie. Il raconte les bons souvenirs, mais aussi les moments les plus rudes. Entre la période de la guerre de libération nationale et les premières années de l’indépendance, l’auteur, nous raconte son histoire avec cette terre si vaste et si généreuse qu’est l’Algérie. Beau-frère de Maurice Audin (mort sous la torture), Christian Buono, militant de base, anonyme parmi les anonymes, petit maillon de cette grande chaîne de la lutte pour la liberté militant du PCA, dès le déclenchement du conflit pour l’indépendance, lui, l’européen, choisit avec sa famille le camp algérien et deviendra citoyen algérien. Son itinéraire est exceptionnel. Il dévoile pour la première fois le parcours d’un homme assumant son choix.

Il nous donne une leçon de courage et d’humilité et nous laisse la quintessence de l’espoir quand nous nous lassons pour une cause. Son récit est à juxtaposer à la connaissance de cette période apportée par une approche, pourtant totalement opposée, des appelés de cette sale guerre. Christian Buono nous parle, comme jamais cela n’a été fait, de cette période trouble et tragique. Né en 1923, Christian Buono a passé toute sa vie en Algérie jusqu’à son arrivée en France en 1966. Enseignant, il fut en ville et dans les campagnes, un témoin privilégié de la vie du peuple algérien et des Français de condition modeste. Marié en 1947 à la soeur de Maurice Audin, il suivit la voie tracée par ce jeune universitaire, disparu dans les chambres de torture, en 1957. Arrêté pour avoir hébergé de hauts responsables du PCA., il passa deux ans en prison (1957-1959) et deux ans dans la clandestinité (1960-1962).

Il participa au travail d’édification de l’Algérie nouvelle (1962-1966). Grâce à son premier livre «Témoignage d’une babouche noire», paru en 1988 et qui fut vendu en librairie à Alger, Christian Buono reçut avec une émotion non dissimulée, des lettres de ses anciens élèves, et même leurs visites, heureux de constater que – après plus de trente ans – eux non plus n’avaient rien oublié. «Pauvre Algérie, que de tourments tu vas subir encore pour ta liberté !…Et nous ? Ce serra dur, mais notre place est du côté des opprimés», écrit l’auteur. L’olivier de Makouda contient aussi des photos et des documents qui nous invitent à un voyage dans le temps. En somme, cet ouvrage est à lire et à relire.

Ali Remzi

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