Par Ferhat Zafane
Que ce soit pour ses plages au sable fin ou pour ses belles montagnes, la Kabyle subjugue plus d’un.
En réalité on ne vient jamais en Kabylie pour la première fois ; et on ne la quitte jamais pour toujours, pour paraphraser un auteur au verbe ciselé et au goût de bonne extraction. Cette belle région d’Algérie devient l’espace d’un été le réceptacle archétype de milliers de bonnes âmes ayant appris, parfois à leurs dépends, souvent sous la logique accablante mais toujours parce qu’il ne peut être autrement que le mal de la grande ville trouve son remède dans ces petites lotions faites de simplicité de beauté et surtout d’authenticité. Se réveiller un matin au chant du coq est une pure exaltation pour ceux dont le vrombissement des moteurs et la cacophonie ambiante est le rituel quotidien. Assister à une fête, un soir d’été où les couleurs des robes chatoyantes côtoient l’innocence des enfants, sous le chant de “Thivougharines” des vieilles femmes vous permet de vous transcender pour un moment et de réaliser pour toujours qu’il n’y a nul endroit au monde de semblable. Et si la chance est au rendez-vous, Thimechret, cette tradition ancestrale, rappelle qu’en Kabylie, l’entraide et la solidarité sont loin d’être des mots creux. Azro N’Thor, pour ne citer que ce rendez-vous, est une fête annuelle sur les hauteurs de Ain El Hammam, ex-Michelet. Ce lieu Saint est de tradition, le porte-voix des femmes d’émigrés s’étant pour une raison ou une autre oublié dans la grisaille d’une ville de France ou d’ailleurs. Il est vrai que cheikh El-Hasnaoui en a fait tout un répertoire mais cela a-t-il suffi à toutes ces femmes abandonnées de sécher leurs larmes et aux enfants de retrouver le sourire ? Et quand le sort ou le calendrier fait jumeler les vacances d’été avec le mois de Ramadan, le plaisir est garanti. En effet, quand après la rupture du jeun, une partie de loto est au programme, l’exaltation de se retrouver au milieu des autochtones à pointer des numéros pour espérer un gain aléatoire, est synonyme d’une soirée qui en appelle forcement d’autres et surtout la certitude d’avoir cette chance d’être né en Kabylie et ce fol espoir d’y revenir au prochain Ramadan. C’est pour toutes ces raisons qu’il est dit qu’on ne quitte jamais la Kabylie pour… toujours.
F. Z.