Attendu depuis 136 ans, son vœux d’être enterré dans la terre natale de ses aïeux a été exaucé le 03/07/2009, comme l’avait souhaité sa famille, ses adeptes et les citoyens… Ce jour-là la liesse a atteint son paroxysme, le vénérable cheikh Aheddad, une figure emblématique a reçu des funérailles nationales grandioses comme toute autre grande personnalité car l’Algérie en compte beaucoup de ces hommes qui s’étaient sacrifiés loyalement pour la patrie. Une reconnaissance méritoire, sachant que cheikh Aheddad en homme qui ne reculait devant aucun sacrifice, a inscrit en lettres d’or son nom dans l’histoire de la Libération du pays. Symbole de la résistance pour les générations qui se sont succédées, cheikh Aheddad a été hissé à la place qu’il mérite dans une Algérie pour laquelle il s’était sacrifié. Il a eu l’hommage le plus émouvant, marqué par la reconnaissance officielle et la ferveur populaire des grands jours.
Personne ne pourra oublier cette page glorieuse de l’Algérie combattante pour le recouvrement de son indépendance. Une page façonnée par des hommes dont le principal est cheikh Aheddad, un personnage hors du commun qui a posé les premiers jalons à une insurrection qui duré 10 longs mois, en appelant au djihad un certain 08/04/1871 au marché de Souk-el-Abtal (marché des héros) d’Amdoune n’Seddouk devant des milliers de fidèles, lesquels ont répondu à l’appel pour sauver la patrie de l’invasion coloniale. Animé par la foi et la détermination à vaincre ou mourir, il a brisé l’ordre colonial en engageant les populations dans un combat. Arrêté emprisonné et même mort, il faisait peur aux autorités coloniales qui lui ont refusé un enterrement dans son village natal, auprès des siens en l’inhumant au cimetière populaire de Constantine, de crainte d’un autre soulèvement des populations locales encore attachées au charisme du vénérable cheikh. Son fils Aziz a subi le même sort. Il a été enterré à ses cotés après un refus catégorique de l’autorité coloniale qui lui a refusé un enterrement dans son village natal de Seddouk Oufella comme le veut la tradition. Quand au troisième héros, M’hand, il est porté disparu à jamais sans que personne ne soit au courant où ses ossements reposent. Le retour des trois héros à leur terre natale était donc venu à point nommé réhabiliter noblement leur combat et ressusciter l’âme d’une région en sauvant un patrimoine menaçant ruines et oublis.
Il faut dire aussi, que quatre jours durant, Seddouk oufella en goguette a vécu une fête religieuse grandiose à la mesure de la stature historique et spirituelle des trois hommes. Même le président de la République n’était pas resté insensible devant le noble combat de cheikh Aheddad et son retour à sa terre natale. il a honoré l’événement comme il se doit en dépêchant un envoyé spécial qui a lu son message dont voici approximativement le contenu : » Grâce à sa forte personnalité à la confiance et à l’aura qu’il a acquise auprès du peuple, Cheikh El-Haddad a opposé à l’occupant, une résistance farouche sacrifiant sa vie et inscrivant une page glorieuse de l’Histoire de l’Algérie. Dépité l’occupant s’est acharné contre lui, usant de la torture, l’incarcération, l’exil et l’extermination de ceux qui ont pris part à ce soulèvement. À la mémoire d’un monument qui a conquis les cœurs grâce à son éloquence et à son courage, prêt au sacrifice sans marchandage aucun, sur ses convictions intrinsèques découlant du droit de son peuple à la liberté et à la dignité. La ré-inhumation aujourd’hui, de ses restes est une résurrection dans son village natal où il a grandi et s’est fait connaître pour ses grandes qualités, au moment où nous célébrons la fête de l’Indépendance qui a été l’aboutissement de luttes incessantes, d’une résistance forte et de sacrifices colossaux. C’est également un rappel pour les générations des actions glorieuses et des hauts faits de nos aînés. Repose en paix Cheikh El-Haddad, et demeure noble et valeureux parmi les enfants de la Nation tel que tu l’as désiré non comme l’ont voulu ceux dont les cœurs sont remplis de rancune, aveuglés qu’ils étaient par la cupidité et l’arrogance. La réinhumation aujourd’hui, de tes restes dans ton pays libéré et son Etat souverain est la preuve que ton combat et tes sacrifices n’ont pas été vains. Dieu a pourvu le pays, après toi, d’hommes qui ont porté l’étendard du djihad, mus par une foi profonde ; des hommes qui ont réalisé leur rêve, celui d’une victoire grandiose par la grâce de Dieu. Tu as tracé avec tes compagnons, la voie pour les générations qui t’ont succédé toi qui a dit : j’ai planté le laurier sauvage, à charge pour les générations futures de l’arroser. C’est la semence du patriotisme et de l’autodéfense avec toutes les composantes que cela suppose comme l’honneur, la dignité la religion, la langue et l’humanisme. Te voilà aujourd’hui, là où tu voulais être. La volonté des hommes libres et loyaux est une étincelle de la lumière de Dieu qui t’a donné force et sagesse. O toi, héros courageux. Les enfants de Novembre, te saluent et réalisent ton vœu. Ils ont libéré la patrie, hissé haut le drapeau, édifié le pays et se sont employés à le construire, accédant maintenant à ton souhait. A tes côtés, se trouvent tes enfants dont tu ne voulais pas en être séparés, ils sont à côté de toi, morts ou vivants. Ils sont rassemblés pour t’entourer telles des perles montées sur un collier précieux. Ton pays te porte encore dans sa mémoire sachant que ton amour pour ce pays ne s’est jamais éteint. Ton voyage périlleux était à tout point de vue une véritable légende « . Depuis la date marquante du 03/07/2009, Seddouk Oufella est devenu un haut lieu de pèlerinage en recevant chaque jour, que Dieu fait, des visiteurs venant de partout se recueillir sur les tombes des trois grands hommes, particulièrement le père Md Améziane très sollicité pour donner sa baraka comme il la donnait autrefois de son vivant. Ce qui est navrant, depuis la démission de l’administrateur par faute de budget de fonctionnement, non alloué par la direction de la culture, le mausolée où reposent les trois héros, semble être abandonné à son sort. Les 10 agents prévus pour son entretien n’étaient toujours pas recrutés. Les prétendants au poste d’administrateur ne manquent pas mais ne savent pas à qui s’adresser. Faute de statut et de tutelle appropriée, le mausolée demeure un lieu de recueillement sans animateurs pour accueillir les fidèles. Aussi, cheikh Belhaddad qui était un érudit avant d’être un guerrier comme d’ailleurs, ses deux fils qui ont menés le combat, méritent bien que des aéroports, universités, des centres culturels soient baptisés en leur nom, etc… une récompense qui ne coûte rien pourtant.
L.Beddar
