Dries Bouzid Ancien milieu de la JSK : «j’ai failli perdre ma vie sur le terrain»

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Né le 18-03-1962 à El-Kseur, il a pu graver son nom dans les annales du club phare du Djurdjura, il faisait partie de la génération du jumbo-jet qui écrasait tout sur son passage. Malgré sa méchante blessure, il a pu relever le défi et relancer sa carrière dans un temps record. Il s’agit de Dries Bouzid qui nous relate aujourd’hui, son vécu dans la balle ronde

La Dépêche de Kabylie : Pour commencer présentez-vous à nos lecteurs.

Dries Bouzid : Je suis né à El-Kseur dans la wilaya de Béjaïa le 16-03-1962, comme tout jeune de ma génération, je passais la majorité de mon temps libre à jouer au ballon, soit dans les quartiers de la ville ou encore dans différents établissements scolaires de notre localité. En 1978, alors que j’avais 16 ans les dirigeants du football d’El-Kseur m’ont proposé de rejoindre le club, je me souviens même de mon premier match officiel, c’était face à Sidi Aïch en janvier 1978 en junior, j’ai signé une licence de cadet, mais j’ai intégré directement l’équipe junior.

Comment aviez-vous intégré la JSK ?

Avant de venir à la JSK, j’ai joué une saison avec le MBB, c’était une équipe qui a réuni les joueurs du MOB et ceux de la JSMB, après je suis revenu à El-Kseur pour jouer une autre saison, avant que Baris ne me propose d’aller tenter ma chance avec les Canaris. J’ai effectué des tests concluants et j’ai intégré la JSK en 1981 en 3e année juniors.

Racontez-nous vos débuts avec les Canaris.

Je me souviens de mon premier match avec les juniors, joué face à Mascara ; en ouverture de la finale face au Vita Club du Zaïre, le stade était plein à craquer. Pour moi c’était un rêve, du jour au lendemain, je me retrouvais devant un public si nombreux. Mon intégration était parfaite du moment où les responsable de l’époque misaient beaucoup sur la formation, au début, ils m’ont inscrit au lycée pour suivre mes études et nous avons bénéficié d’une prise en charge totale, ma première saison avec la JSK a été une grande réussite pour moi puisque dès le début je m’entraînais avec les seniors et j’ai joué même quelques matchs, malheureusement, tout a été bouleversé la saison d’après et j’ai failli même mettre fin à ma carrière.

Pourquoi ?

Tout simplement, après avoir passé une bonne année en junior tout en jouant avec les seniors, la direction du club a décidé de sacrifier quelques joueurs parce que la liste des licences été limitée a 23 seulement, vous imaginez ma grande frustration après une année qui été pour moi un rêve, alors j’ai pris la décision d’arrêter complètement le football et je me suis inscrit à Alger pour faire une formation en électronique, c’était durant la saison 1982-1983.

Comment aviez-vous pu revenir à votre meilleur niveau, malgré que vous soyez resté sans club durant toute une saison ?

C’était le fruit d’un dur travail et surtout de confiance en soi. Il y a aussi la belle saison que j’ai joué avant avec la JSK où j’ai laissé de bonnes impressions dans les rencontres auxquelles j’ai pris part, dont l’une était justement face a l’USM Alger. Au début, il y avait Hamid Bernaoui, qui m’a relancé après avoir constaté que je suis sans club, mais après, j’ai réussi à m’imposer en un temps record. Je me souviens que durant le stage d’intersaisons, on a participé à un mini tournoi à Alger à l’occasion de la célébration de la journée du 20 août, j’ai fait un grand tournoi et j’ai décroché ma place de titulaire, quelques journées après le début du championnat, j’ai même été capitaine d’équipe, malgré mon jeune âge.

Malgré une saison pleine avec l’USMA, vous avez décidé de la quitter. Quelles en sont les raisons ?

Je dirais tout simplement que c’était l’appel du coeur, je ne pouvais pas refuser la JSK, parce que c’est un club que j’aime depuis ma tendre enfance et mon rêve etait d’endosser un jour son maillot. Je ne suis pas ingrat et je n’oublierai jamais les gens qui m’ont aidé à relancer ma carrière, mais juste à la fin de la saison, après avoir effectué une grande année, j’étais sollicité par plusieurs clubs surtout algérois, dont l’USMH, le MCA et le CRB, mais Khalef et surtout le défunt Ben Kaci, ont insisté pour me récupérer et bien sur j’ai donné la priorité a la JSK qui est le club de mon cœur.

Donc vous êtes revenu par la grande porte ?

Absolument, durant la saison 1984-1985, j’étais au top de ma forme et j’étais bien parti pour effectuer une grande saison avec la JSK, malheureusement une méchante blessure m’a empêché d’aller loin. J’ai même failli perdre ma vie, je me souviens que c’était à la 7e journée, en jouait face à l’USMH à Alger, j’ai eu un télescopage avec le gardien Fettal, et j’ai été transféré en urgence à l’hôpital dans un état comateux car j’avais avalé ma langue et je n’ai repris conscience que vers minuit sur le lit de l’hôpital entouré de mes coéquipiers et mes dirigeants et ceux d’el Harrach. Les radios ont révélé que j’ai eu une entorse au niveau du cou ce qui m’a éloigné des terrains durant presque 04 mois, je suis revenu par la suite, au mois de mars, et j’ai contribué au premier titre du Championnat que j’ai remporté avec le club.

Quels sont les moments forts que vous avez passés avec la JSK ?

Tout d’abord, jouer à la JSK était un honneur pour moi, les joueurs que je voyais avant à la télévision sont devenus mes coéquipiers, sincèrement, c’était formidable pour moi. J’ai passé des moments inoubliables avec la JSK, on était une vraie famille, on se respectait mutuellement et surtout on était professionnels, chacun connaissait parfaitement son travail et l’équipe dirigeante était là pour mettre tous les moyens à notre disposition. Tout de même, la saison 1985-1986 restera gravée à jamais dans ma mémoire, on était une vraie machine qui écrasait tout sur son passage, on a fait une saison sans faute et on a réussi à remporter le Championnat avec 18 points d’avance et aussi la Coupe d’Algérie. Il y avait aussi le premier titre que j’ai gagné avec le club, c’était le Championnat de 1985, sans oublier la 3e place que nous avions décrochée en Arabie Saoudite en participant à la Coupe Arabe des Clubs Champions,

Vous avez marqué beaucoup de buts, quelles sont les réalisations qui vous sont restées en mémoire ?

Je me souviens surtout du but que j’ai inscrit face à Aïn Mlila à Tizi-Ouzou, je suis rentré au cours du jeux et dès que j’ai pris le ballon, j’ai driblé tout le monde et j’ai mis le ballon au fond des filets, il y a avait aussi les deux buts que j’ai inscrits en Coupe d’Algérie face à Dellys à Alger, on a gagné par trois buts à zéro et j’ai inscrit deux buts sur un coup de tête.

En quelle année aviez-vous quitté la JSK ?

C’était à la fin de l’année 1989, où j’ai pris la décision de rentrer chez moi, donc j’ai pris attache avec la direction du club afin de me libérer, en principe, je devais jouer à Béjaïa, mais les dirigeants de l’OM Médéa ont tout fait pour me convaincre de signer avec eux, chose qu’ils ont obtenue par la suite, puisque j’ai passé une saison et demi à Médéa. Durant la saison 1991-1992 j’ai été contacté par Salah Yousfi, qui était entraîneur de Sidi Aïch, j’ai joué une seule saison avant de terminer ma carrière à ElKseur comme entraîneur-joueur durant trois saisons. En 1998 j’ai fait un petit passage avec le MOB comme adjoint de Hamid Tellah avant de quitter complètement le monde de football.

Et si on comparait la JSK de votre époque à celle d’aujourd’hui…

Je crois qu’il n’y a pas lieu de les comparer, car les temps ont changé je ne vous parle pas de la JSK mais je vous parle du football national en général, à notre époque, on jouait à 15h et les gradins étaient pleins à 10h, aujourd’hui il n’y a plus de public dans les stades, justement il faut se demander pourquoi, de nos jours, il y a beaucoup d’argent, malheureusement le spectacle a disparu dans nos stades, ce qui pousse, à mon avis, les supporters à bouder leurs équipes, ça fait quelques temps, j’étais de passage à Alger et Aït Djoudi m’a invité à assister au match JSK-USMA, je me suis dit que c’est l’occasion de voir mes amis et aussi de voir un grand match entre deux équipes qui jouaient dans le haut du tableau, sincèrement j’ai été très déçu, surtout par l’absence du public qui n’est pas venu nombreux assister à ce match.

Durant votre carrière, vous avez eu beaucoup d’entraîneurs, lesquels vous ont marqué le plus ?

Je pense que chacun d’entre eux a été pour quelques chose dans ma carrière, à commencer par Allaoua Hamid qui était mon premier entraîneur, en passant par Lakhdar Imane, qui m’a pris en junior avec la JSK, il y avait aussi Djamel Keddou, Djilali et Gitoune avec lesquels j’ai passé une belle saison à l’USMA sans oublier bien sûr, le duo Khalef -Zyvotco

Un dernier mot pour conclure.

Je vous remercie d’abord pour cette louable initiative qui m’a permis de relater ma carrière de footballeur, je profite de l’occasion pour souhaiter une bonne chance à la JSK qui est, à mon avis, entre de bonnes mains puisqu’elle est restée toujours dans l’élite du football national et je lance un appel aux supporters de rester toujours derrière leur club.

Entretien réalisé par Hamid Oukaci

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