M’chedallah : Vente de poisson… en décomposition

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11h45, ils étaient là les poissonniers à l’endroit habituel où ils écoulent leur marchandise à moitié pourrie sous un soleil de plomb par cette journée caniculaire du 5 juillet, où les températures oscillent entre 40 et 42°.

Le poisson exposé aux rayons ultraviolets dans des cagettes non protégées, se détériore rapidement ; quelques pièces de sardine sont complètement décomposées et forment une pâte violacée gluante et puante sur laquelle s’agglutinent des nuées de mouches ; ces poissonniers “expérimentés” usent d’un stratagème payant par lequel, ils arrivent à écouler totalement leur marchandise même quand elle présente des signes visibles de pourriture.

En effet, ces vendeurs à la criée ouvrent à 200 DA le kg, tôt le matin, pour entreprendre des rabais progressifs d’heure en heure et achever d’écouler à partir de 11 h, les dernières cagettes à raison de 50 DA le kg. C’est ce moment qu’attendent des pères de familles en situations précaires pour se faire servir un produit à moitié pourri, exposant inconsciemment, leurs enfants à des risques de santé que revêt la consommation du poisson avarié.

Le lieu d’activité de ces poissonniers est le centre-ville de M’chedallah, un carrefour situé en face du siège de la gendarmerie, à moins de 200 m de l’APC et de la daïra, aucun responsable de ces administrations n’a jugé utile de mettre fin à ces pratiques, qui ne peuvent être qualifiées que d’atteinte à la santé publique sachant qu’en plus des rayons du soleil, facteurs du déclenchement et de l’accélération du processus de décomposition du poisson, les nuées de mouches qui s’agglutinent, vecteurs de maladies, alors que c’est un marché de fruits et légumes “informel», non aménagé qui est à 20 m de ce carrefour ; cette placette en terre battue est foulée par des centaines de citoyens qui font leurs emplettes et qui soulèvent des nuages de poussière fine atterrissant sur ce poisson. Cela sans évoquer la fumée qui émanent des pots d’échappement des véhicules qui se croisent au niveau de ce point de vente qu’est le carrefour principal du centre-ville.

Tous ces ingrédients polluants s’accrochent et enveloppent ces produits de mer extrêmement sensibles, au vu et au su de tout le monde, sans que personne ne se sente interpellé par cet état de fait au moment où la chaîne du froid fait une entrée spectaculaire en Algérie sous ses diverses formes tel que les camions frigorifiques, comptoirs réfrigérants ou encore, les chambres froides. On continue à acheminer le poisson à partir de la mer vers les points de ventes dont la plupart sont situés à des centaines de kilomètres à l’intérieur du pays et à le commercialiser dans les mêmes conditions que le siècle dernier, soit dans de vulgaires cageots recouverts de morceaux de glaces qui fondent aux premières lueurs du soleil ; n’importe quel pêcheur vous dirait que l’eau potable et non salée composant ces morceaux de glaces entreposés au dessus du poisson est l’une des causes principales du déclenchement du processus de décomposition des fruits de mer.

Le transport du poisson s’effectue dans des camionnettes bâchés sans aucune protection, hormis ces blocs de glace destinées à conserver quelque peu ce produit qui rejoint ceux classés “de large consommation», un semblant de conservation pour cacher au maximum l’émulsion des odeurs, signes caractéristiques du poisson en voie de pourrissement.

La surveillance, le contrôle et le suivi de la commercialisation des produits de mer doivent à notre avis, être renforcés au niveau des régions de l’intérieur ou à l’inverse des villes côtières, le consommateur n’ayant pas de grandes connaissances de conservation de cette denrée alimentaire qui leur parvient de loin et qui demeure très prisée pour ne pas dire surclassant tous les autres produits alimentaires.

A noter que ce cas relaté n’est pas propre uniquement à la commune de M’chedallah mais englobe toutes les agglomérations de la région.

Oulaïd Soualah

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