Tinebdar : Mariage, quand tu nous tiens !

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Pour conjurer les qu’on dira-t-on, dérider les esprits, et tordre le coup à une société de plus en plus consommatrice dont la dent caustique est de mieux en mieux aiguisée, une batterie de mesures destinées à alléger les frais de mariages qui sont, comme tout le monde le sait, un fardeau onéreux pour des pans entiers de la société les jeunes notamment en étant les premiers concernés, le conseil consultatif et les comités de villages de la commune de Tinebdar se sont réunis sous la présidence du P/APC, M. Braham Bennadji, dans les entrailles de la salle de délibérations afin de se consulter fraternellement sur un point ; les modalités d’organisation des fêtes de mariage.

Après débats et écoutes de tous les points de vues des participants, une plateforme consensuelle a sanctionné cette rencontre d’où émane un parfum de modération, de simplicité et de discrétion. Partagée en huit parties de dix-huit articles, cette plateforme a été paraphée et mise à l’information des citoyens. Ainsi, ayen (la désignation) est désormais une cérémonie strictement familiale où la présentation des articles offerts à la future fiancée est interdite.

La cérémonie d’Agezzum (la confirmation) s’organise avec des invités en nombre de préférence restreint sinon à la convenance des familles des époux, avec une collation. Pour la cérémonie des fiançailles, celle-ci est jugée facultative et si besoin est ; la distribution des paniers de gâteaux aux invités est désormais bannie ainsi que la présentation des divers articles offerts à la fiancée qui est considérée comme une extravagance facultative, donc inopportune. La veille du mariage, il est d’usage dans nos contrées l’organisation d’un grand dîner (Imensi).

Ce point deviendra un moment de convivialité purement familial, le nombre d’invités est rigoureusement limité pour un menu souhaité modéré (couscous, viande, boisson). Le jour du mariage est un moment particulier ; le nombre d’Iqefafen (les accompagnateurs) est laissé au choix des familles des mariés, et dont le déjeuner doit avoir uniquement lieu au domicile du mari.

Pour la présentation de la mariée (Asedder), celle-ci est autorisée à présenter trois tenues de son choix, ce qui donne suffisamment de temps à la cérémonie de garder son ton festif (chant, prise de boissons et gâteaux), avec la prise de photos et d’ôter toute pression supplémentaire sur les époux. Pour la fête nocturne (CCNA), l’utilisation du disc-jockey est interdite au-delà de minuit, à la fin avouée d’éviter les nuisances sonores. En cas de deuil qui surviendrait au village, le disc-jockey est strictement interdit, sinon les autres jours, il est recommandé d’user d’un volume de son modéré. Le dernier point est SSDEQ (le trousseau). A ce propos, l’offre d’une parure en or à la mariée est interdite avant le jour du mariage, ni présentée le jour des fiançailles ou de la présentation. Du reste après la fête, le couple peut s’offrir des présents autant que faire se peut. Ceci dit, la satisfaction qui a empreint les visages des participants est la même qui brillait dans le regard du citoyen lambda. Rencontrés à l’entrée d’un café ou était placardée cette plateforme, un groupe de jeunes a bien voulu commenter cette convention inter villages à chaud.

« Ce sont des points positifs, dit Ameziane, gérant d’un cybercafé à Sidi-Aïch. Tout le monde peut organiser son mariage sans prise de tête ». Mouloud, enseignant au primaire, réplique avec ironie : « L’organisation de la fête est facile, mais c’est trouver sa véritable moitié qui est le grand casse-tête ». Trouver l’âme sœur ? C’est déjà une autre histoire !

T. D.

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