Il y a cinquante ans tombait au champ d'honneur le lieutenant Saïd Boubeghla dit "Saïd n'Ahmadouche" / Un vaillant combattant

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Il faisait très chaud, ce jour-là à huit heures du matin de ce vingt-six juillet 1960.Le gendarme Secondé Guy, venait à Frikat pour annoncer, devant le délégué spécial, officier de l’Etat civil, le lieutenant Fayon, la mort d’un lieutenant de l’ALN. Il s’agit de celle de Saïd Boubeghla, dit « Saïd n’Ahmadouche ».

C’est au cours d’un violent accrochage qui eut lieu le 25 juillet contre les forces ennemies que mourut ce vaillant combattant, les armes à la main tout près de l’ex-domaine Amirouche. « Le chahid Saïd n’Ahmadouche était le chef de notre région jusqu’à l’ex-Michelet et il n’était nommé à ce poste que depuis quelques mois alors qu’il était aspirant », se souvient un moudjahid, précisant qu’ils étaient deux moudjahidine à avoir été blessés tandis qu’un de leurs frères de combat avait trouvé la mort.

« Je ne me souviens plus des pertes subies par l’ennemi. Nos camarades ont pu tout de même nous faire évacuer, du côté d’Ighil Ivouslamène, sur les hauteurs de Draâ El-Mizan pour être soignés » a-t-il enchaîné. Le lendemain, une opération de ratissage a été menée par la soldatesque française. Tout le monde reconnaît que Said N’Ahmadouche était un bon stratège militaire et qu’il avait une grandeur d’esprit. « C’était un meneur d’hommes et il était à l’écoute de ses compagnons », a ajouté ce moudjahid, Moh Ahniche.

Saïd Boubeghla est né en 1932 à Tafoughalt, dans le douar des Ath Yahia Oumoussa. Très jeune, il commence à militer au sein du PPA car, faut-il le souligner, tout son village avait déjà en tête la lutte armée avec les premiers pionniers du mouvement national, à savoir Krim Belkacem, Ali Mellah, Amar Ouamrane, Boubeghla Si Djemaâ, Salemkour Djemaâ, Djebara Lounès, Rabah Meddour et bien d’autres. Avant le déclenchement de la lutte armée, Saïd N’Ahmadouche et les autres militants se déplaçaient entre M’Kira et Ath Yahia Moussa pour former les groupes.

D’ailleurs, la veuve du colonel Ali Mellah nous avait raconté qu’un jour son mari lui avait présenté huit maquisards et qu’il y avait parmi eux Saïd N’Ahmadouche ainsi que Boubeghla Si Djemaâ.

A l’âge de 22 ans, Saïd N’Ahmadouche fut envoyé avec d’autres jeunes comme lui jusqu’à Blida dans la nuit du 31octobre au 1er Novembre1954, pour commettre des attentats et attaquer les intérêts des colons dans la Mitidja. Ce groupe désigné par le futur colonel Amar Ouamrane comptait en plus de Said Boubeghla, des jeunes de M’Kira, Bouheraoua Arezki de Sidi Naâmane et de Boukhari Chafaâ de Blida. Dès le début de la guerre pour l’indépendance, cet homme était dans le groupe dirigé par Boulaouche Mohamed dit « Si Moh Oulahadj », qui deviendra commandant, aux côtés de Hellal Ahmed, Rekam Hocine, Ali Boucena, Ahmed Mokdadi, Ali Ammoura, Mohamed Tihchdatine, Amar Aouariche, Chérif Ghoulmi dit « Si Khaled », Mohamed Medjbour, Ahmed Chaib, Abdellah Adjab et Cheikh Ali Kaci. Ces premiers maquisards étaient signalés dans cette vaste contrée par leurs attentats et leurs sabotages. Rien ne leur avait échappé: la maison du Caïd Ramdane incendiée, l’école Tighilt Oukerrouche à M’Kira réduite en cendres, les récoltes du colon Guenayer à Tizi-Gheniff brûlées… Des rescapés de cette lutte nous avaient tous affirmé que dès l’installation des camps militaires dans la région, Saïd N’Ahmadouche et ses compagnons étaient sur tous les fronts en ne laissant aucun répit aux militaires en dépit de toute leur puissance et leur supériorité en nombre.

« Au début de l’année 1956, le groupe de Saïd N’Ahmadouche tendit une embuscade à un convoi militaire à Assif L’Hammam tout près de Tamdikt. Alors, ce jour-là tombèrent deux moudjahidine Hellal Ahmed et Adjab Abdellah de Tafoughalt », tel était l’autre témoignage que nous avons pu recueillir.

En 1959, le lieutenant Saïd N’Ahmadouche désarma le groupe d’autodéfense de Ouled Mériem à Tizi-Gheniff. Il faut dire que ce lieutenant avait pris part à toutes les batailles de la région.

On citera la bataille du 6 janvier 1959 à Ath Yahia Moussa, celle de Bouaita (M’Kira), Tizi Guezguarène, Tachtiouine. Tous les témoignages sont concordants. Saïd N’Ahmadouche était un moudjahid de la première heure.

Il était estimé tant par ses compagnons que par les populations des villages où il était passé notamment pour son humanisme et son respect pour tous.

Les héros de la trempe de Saïd Boubeghala ne meurent jamais. Et lui, c’était le chef de file des ces hommes avec un grand H.

Aujourd’hui, un collège d’enseignement moyen à Tizi-Gheniff porte son nom. Ce que nous pouvons dire, c’est que toutes les générations qui y avaient étudié ont honoré ce vaillant combattant.

Le CEM Said Boubeghla a toujours été classé parmi les dix premiers collèges de la wilaya.

Amar Ouramdane

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