Entretien Chaâvane Hallalel Chanteur : «La chanson non stop a supplanté le Raï qui avait envahi nos villages»

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Chaâvane Hallalel, qui est revenu en 2009 à la chanson après une éclipse de plus de 15 ans, avec son album Achfigh est sur le point de mettre sur le marché son 2e CD. Dans cet entretien, le chanteur de style Chaâbi, qualifie de « considérable » l’apport de la chanson spécial fête, ne serait-ce que,selon lui, « pour avoir détrôné le Raï qui, il y a quelques années, s’était taillé la part du lion pour l’animation des fêtes dans nos villages ».

La Dépêche de Kabylie : Comment êtes-vous arrivé à la chanson ?

Chaâvane Hallalel : J’ai commencé à chanter très jeune, du temps où j’étais collégien à Boghni. En 1982, Saïd Hamani, animateur à la chaîne II, a rendu visite à notre CEM. J’ai alors interprété une chanson d’Aït Menguelet, Nekni swareç n ledzayer. Ensuite j’ai chanté en Duo avec Messaoudi Mourad, nous avons ainsi fait plusieurs galas et animé des fêtes un peu partout. Nous avons aussi enregistré une cassette, mais à cause d’une chanson politique, elle fût censurée.

A la chaîne II, seuls 5 chansons de cette cassette, politiquement correctes, avaient droit de passage. Nous avons sorti une autre cassette en 1992. Ensuite, ce fut une longue traversée du désert jusqu’en 2009, où j’ai décidé de me remettre sérieusement à la chanson, ressentant que j’avais quelque chose à apporter. J’ai donc réalisé un premier CD, comportant 6 titres dont un instrumental et intitulé Cfigh, qui est sur le marché. J’ai préparé un nouveau CD, qui est pratiquement achevé et qui sera bientôt sur le marché.

Quels sont les thèmes que vous privilégiez ?

Vous savez, les thèmes sont variés, social, sentimental, un peu de chanson engagée, je privilégie les belles mélodies. En général, l’artiste est soumis à suivre quand même les besoins de son public.

Quels sont vos chanteurs de référence ?

Il y a surtout Aït Menguelet, Idir, sans oublier bien sûr le défunt Matoub, mais aussi Cherif Kheddam, Slimane Azem, ainsi que tous les chanteurs d’expression kabyle, en fait.

Et parmi les nouveaux chanteurs qui émergent ?

Je les félicite tous très chaleureusement, car les chanteurs Non Stop et ceux qui ont investi le créneau spécial fêtes, ont réalisé un objectif de taille, ils sont arrivés à s’imposer et à faire barrage au Raï qui, il y a quelques années seulement, envahissait nos villages. En effet, dans les fêtes, les DJ passaient plus de chansons Raï que de chansons Kabyles, mais maintenant, avec ces nouveaux talents kabyles de la musique non stop, le Raï a quasiment fini par céder la place dans nos villages.

Vous citez qui en particulier ?

Il Y a Mohamed Allaoua, Djillali Hammama, pour la chanson sentimentale et tant d’autres, pour les spéciales fêtes, Koceyla, Farid Gaya, Celina. Ils sont tellement nombreux en fait, et c’est tant mieux, ils ont pu exploiter un créneau qui plait notamment aux jeunes, avec des paroles légères et des rythmes dansants. Que voulez-vous, c’est comme ça, les temps changent, et il faut suivre le mouvement, si on ne veut pas être dépassé.

Comptez-vous vous produire bientôt dans des spectacles ?

J’ai fait des spectacles, à Boghni, Béjaïa et Tizi-Ouzou, mais pour le moment, ce n’est pas à l’ordre du jour. Mon retour à la chanson est surtout une tâche que j’éprouve être en devoir d’accomplir et c’est tout. C’est pourquoi, je préfère consacrer toute mon énergie pour améliorer davantage mes futurs produits.

Entretien réalisé par Ahmed M.

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