M’chedallah / Marché hebdomadaire : Cherté, saleté et anarchie

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“C’est un marché ou quoi ?” une question faisant allusion aux anciens “souks” du 15ème siècle, qui évoluaient dans un désordre total.

A M’chedallah on y est toujours au stade de Souk, si l’on excepte les véhicules utilitaires qui servent d’étals aux nombreux bonnetiers (marchands de chaussures), le reste de la marchandise est exposée dans une effroyable anarchie, un bric-à-brac mélangé de saleté de poussière et de puanteurs.

Un virée au stand (une platebande en terre battue) réservé soit disant, aux fruits et légumes permettrait à tout visiteur qui a le courage de s’engouffrer dans ce labyrinthe entre les étals, de voir des détergents et insecticides, côtoyés étroitement à gauche par ceux de fruits et légumes avec des melons et pastèques découpés et mises à la disposition des clients qui n’hésitent pas apprécier leur saveur ; à droite, ce sont de longs étals de vendeurs d’épices composées de plusieurs dizaines de variétés exposées à l’air libre sans protection dans de petits sacs en jute ouverts qui constituent de véritables réceptacles de couche fine de poussière et autres impuretés qui enveloppent ce marché comme un halo de brume.

Ces épices moulus dont aucun citoyen ne peut s’en passer durant tout le mois de Ramadhan, afin de relever une chorba “soignée” ne peuvent être ni nettoyés ni lavés, ils sont versés tels quels directement dans la marmite avec tout ce qu’ils comportent comme impuretés.

“Tout ce qui rentre fait ventre” disait l’adage, le rush qui se produit sur ces épices à l’approche du mois sacré aurait dû faire réagir les services d’hygiène et ceux de la qualité pour exiger leur commercialisation dans des conditions plus saines.

En longeant les étals des fruits et légumes, ne vous étonnez pas si vous sentez sous vos pieds une matière gluante, ce sont des fruits et des légumes pourris dont les marchands se débarrassent, en les jetant dans les étroites allées et que des milliers de pieds piétinent, les reduissant en compote.

Ce stand constitue un effroyable foyer d’épidémies qu’on peut éliminer rien qu’en y mettant un peu d’ordre, il y a même stand réservé aux bestiaux qui a été aménagé en face de celui des fruits et légumes à une distance de moins de 50 m. Toutes ces activités se passent à ciel ouvert, autrement dit, toutes les denrées consommables et sensibles sont exposées à l’air libre sous les dards d’un soleil de plomb, quelle que soit la vigilance du client, il se fait servir et ramène toujours dans son couffin des produits alimentaires sur lesquels s’est enclenché le processus de décomposition et de pourriture.

Il suffirait d’un simple raisonnement logique et sachant que l’écrasante majorité des clients de ces marchés sont issus des couches sociales défavorisées pour conclure qu’ils ne sont pas nombreux ces citoyens qui peuvent se séparer d’une bonne partie de ces emplettes à moitié pourries après les avoir payées au prix fort.

Quant aux autres stands à l’usage de ceux qu’on dénomme friperies, pour se donner bonne conscience et au vu de la qualité de la marchandise exposée, l’idéal serait de les rebaptiser avec le qualificatif d’origine, soit chiffonniers ou mieux encore “marché aux puces” pour les décrire selon leur juste valeur.

L’état de ce marché appelle à une réaction sans délais des pouvoirs publics pour y mettre de l’ordre et réduire cette inextricable anarchie qui se répercute négativement sur la santé publique.

Oulaid Soualah

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