L’arrivée du mois de Ramadan signifie bel et bien la fin de la saison estivale. Les hôteliers qui tablaient sur un succès des formules “Spécial Ramadan” mises en œuvre, pour attirer les estivants comme l’année dernière, sont déçus. Presque aucun touriste ne passera le mois de Ramadan dans la région de Béjaïa malgré les différentes formules alléchantes proposées par les structures d’accueil.
Les gérants d’hôtels, d’agences immobilières et de campings contactés n’enregistrent pratiquement aucune demande de réservation malgré des offres des plus attrayantes. Le complexe touristique Djorf Edhahabi de Melbou est ainsi revenu aux tarifs “Basse saison», tout en autorisant les locataires à cuisiner à l’intérieur des bungalows, chose unique en son genre, comme nous le précisera Khelkifa Tebira, son directeur. Pour ne pas être en reste, l’hôtel des Hammadites de Tichy propose carrément une formule de pension complète pour la somme de 2 500 dinars par personne et par chambre tout en concoctant un programme très riche en animation nocturne. Malgré cela, il n y a aucune demande de réservation.
Pour les hôtels et les logements de location, le dernier vacancier quittera la région le mercredi matin sans qu’il n y ait de réservations pour cette période alors que pour les campings familiaux, il s’avère que deux familles prolongeront leurs séjours dans la région d’Aokas jusqu’à la mi-août pour l’une et la fin du mois pour l’autre. Toutefois, quelques-uns reviendront juste après le mois Ramadan pour de courts séjours comme c’est le cas pour certains nouveaux mariés qui ont déjà fait des réservations d’appartements pour la mi-septembre. “Nous n’avons aucune réservation d’appartement pour le mois de Ramadan, par contre nous y avons des réservations d’un week-end pour des voyages de noces notamment», dira une jeune employée d’une agence immobilière du littoral.
Outre les hôtels qui réduisent leurs tarifs, les agences immobilières aussi proposent des réductions allant jusqu’à la moitié du loyer proposé en haute saison. Selon Mouloud, gérant d’une agence immobilière, certains propriétaires d’appartements préfèrent les reprendre pour y passer le Ramadan mais d’autres, voulant gagner le maximum d’argent durant la saison estivale, préfèrent qu’ils soient loués même durant le Ramadan, quitte à ce qu’ils le soient à moitié prix. Pourquoi les vacanciers boudent-ils la région durant le Ramadan ? Beaucoup sont d’avis que cette période est tellement sacrée pour les musulmans qu’ils préfèrent rentrer chez eux et la passer chez soi. D’ailleurs, c’est l’avis du directeur par intérim du tourisme de la wilaya de Béjaïa lequel le Ramadan a cette particularité de pousser les gens à se regrouper en famille chez eux plutôt que de rester en bord de mer ceci quel que soit les tarifs proposés, aussi infimes soient-ils.
Le départ massif des estivants est très visible notamment en soirée. Effectivement, alors que les principales artères de la coquette station balnéaire d’Aokas étaient pleines à craquer dans la soirée du dimanche, voilà qu’elles sont pratiquement vides le lendemain au soir. Les différents dancings familiaux installés ici et là n’ont reçu qu’une poignée de clients cette soirée du dimanche alors que l’on se frayait un passage à l’entrée pour trouver des places les soirées d’avant.
La réduction des prix de location en pareille période n’a apparemment pas donné des résultats. Alors que faut-il faire pour inciter les touristes à rester tout au long de la période estivale malgré le mois sacré de Ramadan ? Des solutions doivent être apportées car le Ramadan sera présent en période estivale d’ici un quinquennat. Cela s’avère difficile puisque pour le premier responsable du secteur du tourisme (voir entretien), cela relève d’un problème de coutumes et de mœurs en vigueur au mois de Ramadan chez les Algériens.
A. Gana