Le négoce parallèle, appelé par fausse pudibonderie marché informel, se fait toujours plus tenace et plus envahissant, bravant la puissance publique qui, en dépit du cadre législatif et réglementaire, peine à l’éliminer, du moins à le refréner.
La traque des agents de l’ordre qui consistait à ne pas laisser des marchands de tout poils squatter l’espace public semble appartenir à une époque révolue.
Il n’est qu’à voir les étals qui ont pris possession des accotements de la RN 26, pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène. Confiné pendant longtemps à quelques placettes, l’activité s’est répandue comme une traînée de poudre pour investir toutes les localités traversées par l’axe routier.
“Le chômage et la précarité poussent de nombreux citoyens à apprendre à se débrouiller comme ils peuvent pour subvenir à leurs besoins», tente d’expliquer un commerçant de Sidi Aïch qui voit, néanmoins, d’un mauvais œil l’irruption dans la sphère publique de ce négoce déloyal. A hauteur de certaines agglomérations, les revendeurs proposent divers produits allant de la gamme de l’agroalimentaire, la panoplie des cosmétiques et lingerie jusque’aux cigarettes et autres joyeusetés pour les bambins.
“C’est mon seul et dernier recours pour sauver la face, car toutes mes tentatives pour décrocher un poste d’emploi se sont soldées par un flop», avance un jeune vendeur de menu fretin d’Ighzer-Amokrane.
En rase campagne, ce sont surtout les fruits et légumes de saison et les primeurs qui se disputent l’espace public.
“Je préfère vendre ma récolte directement que de la céder aux intermédiaires qui font dans la spéculation», nous dira un marchand de pommes de terre installé à l’entrée de la ville. “Il faut que le consommateur trouve largement son compte en achetant ici des légumes 20 à 30%, moins chers», estime notre interlocuteur, agriculteur de son état. Au niveau du village Laâzib, dans la commune d’Akbou, hormis les fruits exotiques comme la banane cédée autour de 90 DA le kilo, tous les autres produits agricoles affichent des cours aussi soutenus que ceux des boutiques. “Nous essayons de rogner du mieux que nous pouvons sur notre marge bénéficiaire, mais vous conviendrez que nous ne pouvons pas vendre à perte», se défend un jeune marchand de légumes.
“Ce qui compte à mon sens, c’est le rapport qualité-prix», renchérit un revendeur de la wilaya de Boumerdès et proposant des pommes de qualité médiocre à… 120 DA le kilo. Si le prix d’un légume comme la pomme de terre décroche parfois au dessous de 20 DA le kilo, cela ne peut être parfois qu’un appât pour allécher les routiers. Ces derniers tombent souvent comme un fruit mûr dans le traquenard. “Nous avons acheté mon ami et moi de petits sacs de patates et qu’elle ne fut notre surprise après vérification de la pesée de découvrir que pas moins de 2 kilos manquent au poids de chaque sac», témoigne désabusé Md Laïd du village Helouane.
N. Maouche