“La place de l’enfant n’est ni dans la rue ni dans un chantier, mais à l’école et auprès de ses parents. Notre Etat qui a ratifié toutes les conventions internationales sur les droits de l’enfant se doit de donner un grand coup dans la fourmilière pour stopper cette dérive et sauvegarder ces frêles créatives», s’indigne une psychologue du secteur public officiant dans un établissement scolaire d’Akbou, qui semble prendre ombrage du phénomène de mendicité qui touche les enfants.
Combien de fois n’a-t-on pas vu, en effet, un mioche pas plus haut que trois pommes, accoster les passants ou faire le tour des cafés pour demander la charité.
Et ils sont sans cesse plus nombreux ces infortunés bambins, dont l’école inonde la rue par fournées successives, passant du cercle vertueux d’un institution éducative, censée les instruire et les protéger, au cercle vicieux de l’oisiveté qui les expose à tous les vices et, partant, à tous les dangers.
Dans les grandes agglomérations urbaines de la Vallée de la Soummam, cette mendicité qui n’est pas seulement l’apanage des enfants de sexe masculin, semble plus patente aux abords des marchés hebdomadaires.
A Tazmalt, ce sont des adultes accompagnés de toute leur smala et postés en divers endroits du marché qui s’adonnent à cette activité. Pour apitoyer les passants, ces mendiants se servent parfois d’un écriteau où il est fait mention de leur condition sociale et d’affections—réelles ou supposées — dont ils porteraient le fardeau. “Aucune enquête sérieuse n’a été menée dans ce sens, mais nous avons pu cependant distinguer des enfants qui mendient de façon occasionnelle et à l’insu de leurs parents, sans doute pour s’offrir quelque caprice et ceux qui le font plus souvent, au vu et au su de leurs parents», explique le préposé à l’action sociale au niveau d’une collectivité locale.
Dans un cas comme dans l’autre et le goût du lucre aidant, l’enfant cède fatalement à la tentation d’en faire un métier. “La planche c’est la plaque. On se remplit les poches sans trop chauffer la matière grise», analyse notre interlocuteur.
A Sidi Aïch, des enfants et des moins jeunes, sans doute trop pudiques pour solliciter la générosité des âmes charitables, farfouillent dans la décharge publique en quête de menu frétin susceptible de rapporter quelques piécettes. “Ce sont les récupérateurs de déchets installés aux abords de la RN 26 qui leur achètent ces objets de rebut», nous a fait savoir un commerçant de la région qui se veut sceptique quant à l’avenir de ces enfants. Un avenir qui semble d’ores et déjà scellé par l’irresponsabilité et l’incurie des adultes.
N. Maouche
