Béjaïa : Le Ramadan et ses déboires

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Des arrêts anarchiques des automobilistes devant les boutiques provoquant des bouchons en plein centre-ville, des rixes multipliées et non justifiées ou encore des chaînes interminables de clients devant n’importe quelle boutique hanteront nos journées un mois durant.

C’est ce qui attend les Algériens en ce mois dit “de piété et de pardon”. Cela est tout simplement le fruit d’une frénésie propre aux musulmans et au caractère nerveux purement méditerranéen des Algériens.

Déjà de bon matin, la bouche pâteuse, l’haleine mauvaise et la mine affreuse, l’Algérien comme pour montrer à tout le monde qu’il jeûne, se renfrogne par une expression maussade et guette autrui pour une réaction violente dans le cas d’un geste ou un mot de plus ou de travers. C’est tout le monde qui est sur ses gardes, pensant arbitrairement que le fait d’élever la voix ou de faire des coudes pour se frayer une place parmi les interminables chaînes est une provocation, pourtant cela passe pour une banalité en dehors de la période du mois “sacré”.

La nervosité en cette période est considérée comme faisant partie du tempérament ramadanesque, en un mot, cela rentre dans les mœurs. Une durée de sommeil inférieure à la moyenne, l’hypoglycémie et surtout la cherté des produits sont souvent à l’origine même de cette nervosité permanente du mois de Ramadan.

Ce sont les seules justifications que l’on pourrait avancer pour expliquer ce phénomène mais par contre, nous n’avons aucune explication pour cette soudaine paresse qui s’empare des travailleurs durant le Ramadan, “Revenez après le Ramadan», sera la phrase qui servira souvent de réponse tout au long de ce mois à toute sollicitation citoyenne auprès des différents services de l’administration.

Effectivement, le personnel travailleur, généralement celui d’encadrement, fait beaucoup de va-et-vient entre le bureau et les marchés voisins. Constitués souvent en équipes, ces gens, censés travailler toute la journée, font, de préférence dans une seule voiture, la tournée des magasins et des boulangeries plus particulièrement.

Ils n’accorderont qu’une plage horaire d’une ou deux heures pour le travail quotidien sinon la journée sera consacrée dans sa globalité aux sorties entre amis. De tel marché à tel autre, de tel épicier à tel autre ou encore de tel boulanger à tel autre, l’équipe se déplace et fait parfois plusieurs kilomètres pour acheter un pain d’orge ou un kilogramme de zalabia dite de Boufarik.

Cette randonnée durera jusqu’à presque la fin de la journée de travail. En rentrant au bureau, on jette un coup d’œil aux journaux qu’on vient d’acheter durant la sortie avec les copains et on range le bureau avant de rentrer chez soi avec la conviction d’avoir terminé la journée de travail.

Ces comportements doivent disparaître de l’esprit de l’Algérien si le peuple aspire à une vie meilleure dans un pays prospère.

A. Gana

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