Ahcen Mariche est un auteur prolifique et un poète talentueux. Ses écrits sont un hymne à la beauté une incarnation des mots et des images exquises. Dans cet entretien, il nous parle de ses écrits et nous livre sa conception cette «thérapie personnelle», une thérapie salvatrice.
Comment êtes-vous venu à la littérature ?
Dans ma famille, la parole, la poésie et la chanson, ont toujours eu la part du lion. Mes lectures diverses, ma mère qui adore tout ce qui est chant et poésie, ajouter à cela le don que j’ai hérité de mon grand-père maternel, Ali n Saïd qui était poète ; sont les ingrédients qui ont fait de moi le poète que je suis. La lecture du recueil de poésie les Isefras de si Mohand écrit par Mouloud Mammeri a tout déclenché et je me suis retrouvé en train d’écrire en 1984 quand j’étais au lycée de Larbâa nat Iraten.
Parlez-nous de vos livres.
Apres avoir édité mes poèmes aux USA au printemps 2005, ça m’a encouragé à éditer ici en Algérie, chose faite en juin 2005, en éditant mon premier recueil Idh Yukin (les nuits volubiles), 11 mois plus tard j’ai édité Taazzult-iw (confidences et mémoires) et en juillet 2007, mon troisième recueil intitulé Tiderray (contusions) ces trois premiers sont en kabyle traduits en langues française. J’ai édité aussi deux recueils de poésie en anglais qui sont la traduction de mes deux premiers recueils respectivement en 2007 et 2008 comme j’ai aussi mis en musique mes poèmes et j’ai sorti un CD audio avec de la musique pour les poèmes de Taazzult iw. Vu la rupture du stock de mes livres et la persistante demande de mes lecteurs, j’ai réédité mes trois premier recueils en Tamazight en juin 2009 conjointement avec mon dernier recueil Tibernint d ssellum, ( la toupie et l’échelle) toujours en langue amazighe. En novembre 2009, la maison d’édition Edilivre à Paris a édité en France Contusions en langue française.
Vous publiez vos livres vous-même pourquoi ?
Faute d’un fauteuil, on se contente d’un strapontin, dit-on et je n’ai pas d’autre choix. La poésie a toujours été le parent pauvre de la littérature, le désintéressement des éditeurs de ce genre de livre m’a poussé à prendre en charge la production de mes livres et leur distribution. Les éditeurs se plaignent toujours de sa commercialisation moi je n ai pas trouvé de soucis dans ça, la preuve, je suis à mon huitième recueil et j’en ai même réédité trois.
Quelle est la thématique qui revient le plus dans vos écrits ?
Dans mes écrits, je touche à tout, avec différents angles d’approches. Ça vient par inspiration donc je ne contrôle pas sa venue ni même son viatique. J’aime sortir de l’ordinaire, j’aime toucher à des sujets inédits. Les thèmes qui reviennent souvent sont : La société l’amour, la nature, la santé la culture, tamazight…
Quels sont les écrivains qui vous influencent
Je suis quelqu’un qui lit beaucoup et de tous les horizons. Concernant les écrivains algériens j’ai lu presque tous les anciens, et même les auteurs francophones. Ceux qui me touchent vraiment sont : Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun, Malek Ouary, Rachid Mimouni, Yasmina Khadra… Pour les étrangers: Victor Hugo, Rudyar Kepling, Athol fuggard, Shakespeare, Jules Antoine, Nizar Qebbani…
Pourquoi écrivez-vous ?
crire pour moi c’est exister, et c’est même une auto-thérapie. J’écris pour être utile, apporter un plus, faire profiter les autres de mon expérience de vie. Sachant que j’ai ce don, je ne peux être égoïste et le garder que pour moi. En tant que professeur et éducateur, je sens vraiment ce besoin d’écrire et d’ajouter sa pierre à l’édifice, puis inspirer mes élèves et lecteurs et leur ouvrir un champ devant eux, chose que je n’ai pas eue quand j’étais élève.
Que pensez-vous de la littérature algérienne actuelle ?
Il y a de vraies nouvelles plumes qui font plaisir et prouvent qu’un bel avenir est devant nous et dans les trois langues Tamazight, Français et Anglais. Mais le problème ce dont je parle n’est que la partie visible de l’iceberg vu les problèmes liés à l’édition et à la distribution du livre en Algérie. Des milliers d’auteurs sont méconnus et ont comme oreillers leurs manuscrits. D’autres leurs écrits croupissent sous des couches et des couches de poussières, leurs pages ont jauni d’attente et de désespoir. Voyons combien de jeunes auteurs algériens ont quitté le pays pour aller éditer ailleurs et ça marche bien pour eux.
Vous avez des projets radiophoniques pouvez vous nous en parler ?
Mon premier contact avec la radio je l’ai eu en 1977 puis avec mes invitations aux différentes radios algériennes, j’ai eu cette envie d’animer une émission et me voici en train de le faire depuis 3 mois dans une émission de poésie Tighri n Umedyaz.
Quel est le dernier livre que vous avez lu ?
Le dernier livre que j’ai lu est Le grain dans la meule, de Malek Ouary et mon livre de chevet est La robe kabyle de Baya du même auteur.
Quels sont vos projets d’écriture ?
Je suis en train de peaufiner la version arabe de mon deuxième recueil Taazzult-iw traduit en arabe par Abdelkader Abdi, professeur à l’université de Tizi-ouzou. J’attends l’édition de ce même livre Taazzult-iw en France chez Edilivre, durant cette année 2010. Je vais rééditer mes trois premiers recueils en langue française uniquement, vu la rupture de stock depuis longtemps. Je compte aussi enregistrer un autre CD de ma poésie en musique pour tous les poèmes contenus dans mon recueil Tiderray. Je pense aussi à préparer un nouveau recueil, je suis en train de choisir de mon viatique le bouquet à offrir à mes fans et lecteurs.
Entretien réalisé par Ali Remzi
