Béjaïa : Le nombre de pauvres en hausse

Partager

La paupérisation happe de nouveaux pans de la société dans la wilaya de Béjaïa. C’est ce que suggèrent les chiffres rendus publics par les services de la wilaya à l’occasion du mois de Ramadan. Des chiffres qui démentent les récentes déclarations de Said Barkat, ministre de la Solidarité pour qui le nombre de demandeurs a baissé cette année, de 60 000 à l’échelle nationale.

Plus de 18 800 familles nécessiteuses sont recensées sur le territoire de la wilaya dans le cadre de l’opération de solidarité en vigueur, comme chaque année, lors de ce mois de jeûne sacré.

Celles-ci vont bénéficier du fameux “couffin de Ramadan” pour éventuellement joindre les deux bouts, lors de cette période caractérisée paradoxalement par la ripaille et les fortes dépenses.

L’année dernière, elles étaient 16 089 à bénéficier de ce dispositif d’aides piloté par plusieurs institutions publiques et organisations de la société civile à l’instar du Croissant-Rouge Algérien, et consistant essentiellement en un kit alimentaire.

A suivre les chiffres rendus publics par la wilaya de Béjaïa, ce sont quelques 2 718 nouvelles familles qui font leur entrée dans le très peu enviable club des pauvres.

Cela équivaut à un accroissement relatif de l’ordre de 17% ! En considérant en moyenne cinq personnes par famille, on est à environ 10% d’indigents dans cette wilaya de près d’un million d’habitants.

Une approche certes empirique mais qui l’est autant que la méthode utilisée pour quantifier le nombre de familles nécessiteuses.

Selon un responsable en charge de l’action sociale, c’est une assemblée composée de représentants des associations de quartiers et de villages et des membres de la commission sociale de l’APC qui identifient les familles dites nécessiteuses. Au préalable, l’APC appelle par affichage public les citoyens à se décliner comme tels auprès du service social de la municipalité. Un dossier comprenant des pièces pouvant renseigner sur la situation sociale du chef de famille est demandé.

Il ne semble pas néanmoins que cette opération soit assise sur des critères rigoureux. Il semble qu’aucun texte juridique ou réglementaire ne fixe avec précision la qualité d’ “indigent”ou de “nécessiteux”.

Un pouvoir de discernement des plus régaliens est ainsi entre les mains des commissions sociales. “On peut autant parler de resquilleurs que de laissés-pour-compte dans cette opération. J’en connais personnellement des familles dans le besoin qui ne s’abonnent pas pour autant au dispositif d’aide pour des raisons de fierté», estime un conseiller municipal de Béjaïa. La “solidarité” se prodigue souvent de façon assez ostentatoire et ne s’inscrit pas dans le rapport d’impersonnalité qui doit présider normalement à l’action des pouvoirs publics.

L’idée d’un chèque de solidarité un temps évoqué a été vite abandonné.

M. Bessa

Partager