A peine une semaine consommée d’un mois sacré les frénésies des premiers jours s’est estompée, les choses semblent rentrer, peu à peu, dans l’ordre. Il faut tout de même dire que l’on est très loin cette année de l’importante demande qui a de tout temps caractérisé le marché.
La tendance, du moins à Tizi Ouzou, est plus que jamais au rationnement des dépenses. L’érosion du pouvoir d’achat des ménages et la rentrée sociale, qui s’annonce d’ors et déjà chargée, y sont naturellement pour beaucoup. Cette tendance à la baisse a été perceptible hier au niveau des différents marchés de la capitale du Djurdjura. Une virée dans ces différents points de vente nous a justement permis de constater combien le mois de carême de cette année semble marquer une rupture en terme d’habitude de consommation. Le comportement des consommateurs ayant radicalement changé les marchands ont tout fait pour s’y adapter. Midi passé de quelques minutes, une chaleur torride, et, pourtant, la grande rue de la ville des Genêts de désemplit pas. Plusieurs dizaines de citoyens » fouillaient » les différents étals du marché des fruits et légumes du centre-ville. Premier constat : l’absence d’affichage des prix. Cela renseigne bien de l’efficacité des opérations de contrôle menées par l’autorité concernée. Il s’agit pourtant d’un marché situé au cœur de la ville des Genêts qui échapperait, parait-il, au contrôle durant cette période où la demande enregistre généralement les plus importants pics. Mohamed, quadragénaire, travaillant dans le secteur du transport, dit ne pas comprendre cette tendance. » C’est l’anarchie totale. La ville s’apparente bien à une jungle en ce mois de carême. Tout est permis. Des produits périssables sont étalés au centre-ville même et on ose parler de contrôle. Je ne comprends rien ! » Fulminera-il. Il n’est d’ailleurs pas le seul à faire cette remarque. Rabah, retraité abondera dans le même sens. Pour lui, il n’est pas normal que » l’impunité soit régie en maître des lieux. Tout se vend. Vous imaginez quelqu’un vendre des produits laitiers, fromage et autre en pleine rue sous cette chaleurs de plombs ? « . Côte mercuriale, les prix ont pris une légère tendance à la baisse. C’est le cas de le dire notamment de le dire pour la tomate cédée hier à 25 DA /kg de même que les carotte et la pomme de terre vendues à 20 et 30 DA/ l’unité alors que la viande de veau oscillaient entre 650 à 800 Da /kg. Aucune trace, cependant, de la viande importée d’Inde. Les citoyens qui trouvaient dans la viande congelée une solution pour pallier la sensible augmentation du prix de la viande fraîche ont vite déchanté. Les prix se sont vite envolés face à la demande importante dans un marché qui n’est régie par aucune règle ni structure pouvant jouer la régulation. Plus loin du centre-ville de Tizi Ouzou, les ménages adoptent la même attitude face un marché qui maintient ses prix toujours en hausse.
Au marché de Souk El Tenine, fréquenté par la population de Maâtkas, les citoyens se plaignent des prix qui restent, une semaine après le début du mois de la “Rahma” hors de portée des petites bourses. Certains dénoncent à ce sujet des spéculations sur les prix et une volonté de garder le marché sous pression. D’autre se pose toujours des questions sur l’incapacité des responsables à imposer l’ordre. En effet, notre virée sur les lieux du marché de Souk El Tenine, hier, nous a permis de constater, encore une fois, l’énorme anarchie qui y règne. La volonté affichée par la municipalité de contrôler les espaces de vente s’est heurtée à l’intransigeance de certains qui ont vite compris que l’impunité est la seule constante de l’heure. A Tizi ville, Souk El Tenine ou partout en Kabylie, les citoyens donnent l’impression de gérer » minutieusement » les dépenses. On est donc loin des fureur des années précédentes où l’on constatait d’interminables chaînes humaines dans les différents points de vente des produits alimentaires. La crise est passée par là et rien ne dit que cette tendance reprendrait l’ascendant dans un contexte de misère sociale. Loin de jouer aux Trotskistes des temps modernes, le Ramadan de cette année a confirmé indéniablement l’existence de classe. Entre ceux, la minorité qui peuvent se permettent des tables bien garnies au moment de la rupture du jeûne, et les autre, la majorité qui se déballent dans un interminable stress pour juste assurer un f’tour au moindre coût, le fossé ne cesse de s’élargir. Quant aux 11000 familles démunies qui ont reçu le » couffin » de la misère, elles doivent se remettre vite à l’évidence que les colis n’auront servis qu’à » colmater » la faim d’un jour.
Que faire ? Attendre peut être la prochaine distribution des couffins de la solidarité annoncé pour la semaine prochaine et prier pour que le Ramadan s’achève avec le minimum de dégâts possible.
A. Z.
