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Publication Le revers du mépris de Mohand Lmouloud Ubeqqa / Les cauchemars et les rêves du passé

Les éditions Art’kange, dirigées, entre autres, par l’infatigable Madani Guermouche, viennent de publier un roman captivant et émouvant. Ce livre est disponible dans la majorité des librairies du pays.

Né en 1951 dans la vallée de la Soummam, Mohand Lmouloud Ubeqa est ancien cadre de l’éducation nationale. Attiré par l’écriture et les multiples «revers» de l’art, Ubeqqa nous livre une histoire captivante. Inspirée de la réalité cette fiction est un voyage dans le temps. Le présent interpelle le passé dans un incommensurable labyrinthe. Dans un style singulier, l’auteur construit un texte riche en métaphores, anecdotes et autres récits et dialogues. Cette histoire est celle de Farhèth (un personnage du roman), mais aussi Louiza, qui a connu l’opprobre durant sa vie et a fini en rebuter. Son fils n’ayant pas pu avoir d’attaches avec ses proches a connu une enfance misérable. Pour s’entretenir et subvenir aux besoins vitaux de sa mère, l’enfant s’est vu contraint de devenir un homme précoce. Endurant peine et hargne des gens, cet opprimé a attendu la disparition de sa génitrice, pour émigrer au loin de sa contrée. Les lois de la nature étant ce qu’elles sont, une âme-sœur l’attendait dans cette région, pas plus clémente que celle qu’il vient de quitter, mais tout de même peu hostile. Cette fille, orpheline, elle aussi, se trouvait sans soutien. Il lui fallait un homme et il l’était. Elle l’a donc accepté même s’il ne portait pas de nom. Loin de ceux qui l’agressaient par le verbe et même parfois du regard, cette victime du destin vivait là tentant véhément d’oublier son passé. Cependant, le passé est toujours là il habite nos pas et nos ombres. «Farhèth, que Dieu lui accorde Sa Grâce, s’il était encore des nôtres, serait donc âgé aujourd’hui de soixante ans. Il était né le 23 avril 1939 et nous a quittés en toute gloire, le 31 octobre 1959. Voilà donc quarante ans depuis qu’il est absent mais aussi, toujours présent. Quarante ans disais-je, n’est-ce pas à cet âge, que Dieu choisit ses hommes pour en faire des prophètes ? Si certes, notre regretté Farhèth ne pouvait pas appartenir à la gent des prophètes, il demeure cependant cet homme glorieux, qui hier, avait fait don de sa vie à la nation et aujourd’hui; d’un stade à tous les enfants de son village. C’est là vous en conviendrez, une action dont seuls les élus de Dieu en sont capables. Citoyens de ce village, glorifiez les mérites de ce grand homme et dîtes Amène pour que Dieu l’agrée dans son Vaste Paradis. Son nom restera éternel, puisque votre stade s’appelle : Farhèth YEDDER», écrit le romancier. Ubeqqa se veut un témoin d’un passé mouvementé et très douloureux. Le roman est l’un des rares genres littéraires permettant plusieurs manières de décrypter les évènements et les émotions. Albert Camus disait : «Le roman est une philosophie mise en image».

Ali Remzi

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