Site icon La Dépêche de Kabylie

Arts du monde : Sadia Tabti, l’artiste au cœur des enfants

«La peinture est un art et l’art dans son ensemble n’est pas une vaine création d’objets qui se perdent dans le vide mais une puissance qui a un but et doit servir à l’évolution et à l’affinement de l’âme humaine».Wassily Kandinsky (1866-1944).

Ce sont Georges et Braque et Pablo Picasso qui, les premiers, ont réalisé en 1912, la technique du collage avec des éléments réels comme les journaux, les boutons, les moreaux de verres, les clous pour mettre en relief des textures, et ont ainsi ont créé un genre artistique nouveau qui libère l’homme de la philosophie de l’art traditionnel et donné l’occasion à l’inspiration d’abattre les frontières des lois et conventions, en toute liberté. Aujourd’hui, le public devient familier avec ces techniques grâce à de nombreuses expositions en tout temps et tout lieu. Chez nous, il nous a fallu attendre Sadia Tabti pour nous familiariser avec cet art débordant de simplicité de beauté et d’émotion ; un art qui explore les profondeurs de l’humain et qui dépasse les frontières du convenu. Sadia est d’abord formatrice- consultante en TIC ; forte d’une expérience en métier d’art, elle expose partout en France où elle vit. Sa route l’a conduite, comme un appel irrésistible du sang, à Bouzeguene, la région de son père où pour la première fois en 2009, elle fait découvrir son travail aux enfants du pays à l’occasion de la 6e édition de Raconte arts, association qui a mis à sa disposition tous les moyens nécessaires pour lui rendre son séjour agréable.

Le travail de Sadia Tabti est un travail d’échange, d’apprentissage et de communication, il s’adresse aussi aux enfants qui, à son contact, donnent libre cours à leur imagination, réalisent de belles œuvres dans un espace de partage où la parole s’affranchit de tout entrave. Son support de prédilection est l’enveloppe brune, symbole d’évasion et d’échange, elle permet aux enfants de l’orner de tous les ingrédients à leur portée, surgit alors de l’esprit enfantin qui colle, écrit, superpose, un travail de composition à la fois artistique, historique et culturel qui reprend vie, ravive les souvenirs et élargit le monde culturel et imaginaire des enfants et l’enrichit de tout ce que l’école ne lui apprend pas. C’est ainsi que l’on retrouve, collés sur une enveloppe timbrée du cachet de la poste, des photos de Kateb Yacine ou Tahar Djaout, accompagnées de mots, de tifinagh ou de calligraphies.

Le langage des cartes postales et des livres

La peinture, tout comme la musique, communique un message qui s’adresse à la sensibilité humaine. Toujours à la recherche de nouvelles techniques et de nouvelles idées, Sadia, la franco-algérienne, exprime son talent dans la peinture de magnifiques cartes postales harmonieusement exécutées, toujours en mouvement, débordantes de vie, tissée comme un tapis, de réel, de beau et de rêve en hommage à la Kabylie de ses ancêtres. Ce n’est pas par hasard que notre artiste a choisi d’accrocher ses cartes sur des branches de l’arbre qui symbolise la force, la paix, le pardon ; l’olivier nourricier, témoin de l’histoire du monde.

L’exposition de Sadia à la librairie du tiers-monde à Alger, du 1er jusqu’au 7 août 2010, a drainé une foule nombreuse venue découvrir avec émerveillement, un art nouveau, original qui incitera peut-être à la création d’écoles spécialisées en arts pour enfants et adolescents. Qui sait ?

L’élargissement du répertoire artistique de Sadia Tabti nous mène à parler des vieux livres qu’elle récupère avec Véronique Lagny (une autre artiste aux talents multiples, voyageuse au service de l’art) pour les faire renaître, leur insuffler la vie à l’aide d’assemblage d’images, de couleurs qui leur donnent un sens et rehaussent leur valeur.

Sadia vit en France mais elle continuera à nous émerveiller et apporter du bonheur aux enfants : elle reviendra en Algérie avec d’autres projets pour les enfants de Kabylie, comme elle nous l’explique dans l’interview qu’elle nous a accordée.

Hadjira Oubachir.

A suivre dans notre édition de demain un entretien avec l’artiste

Quitter la version mobile