En Kabylie, le café reste l’un des lieux privilégiés de rencontre. On s’y rend, bien sûr, pour consommer des boissons (dont le fameux café qui a donné son nom à l’établissement) mais aussi pour discuter, pour passer un moment ensemble. Si la fontaine est le lieu de rencontre des femmes, le café est celui des hommes. Souvent quand on veut voir quelqu’un, on lui donne rendez-vous au café du village ou du bourg.C’est là aussi où se font les transactions: qu’il s’agisse de vendre ou d’acheter, les partenaires se voient au café où, autour d’un café, d’un thé ou d’une limonade, on négocie.Une des cérémonies des plus importantes du mariage, “agzam”, où l’officialisation d’une demande de mariage (la fameuse fath’a), se fait aussi dans les cafés : la famille et les amis du garçon rencontrent ceux de la fille et, une fois la main accordée, il est de coutume que les premiers régalent les seconds de limonades et de gâteaux.Cette coutume s’est perpétuée chez beaucoup de familles kabyles expatriées, bien qu’on note aujourd’hui la tendance (citadine) à conclure les mariages dans les domiciles, voire les mosquées. Le café a ainsi une fonction distractive. On y vient pour jouer aux cartes et surtout aux dominos.D’ailleurs, tous les cafés ont des jeux de dominos et les parties peuvent durer des heures entières Le jeu est l’activité favorite des retraités qui n’ont rien à faire de leur temps mais aussi des chômeurs qui y recourent pour oublier les problèmes. Bref, toutes ces fonctions expliquent que les cafés de Kabylie soient des lieux très fréquentés, peut-être même les lieux les plus fréquentés !
S. Aït Larba