Le siège de l’APC de Frikat fermé par la population : “On a soif !”

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Le vent de la contestation continue à souffler sur la wilaya : Sidi Naâmane, Draâ El-Mizan, Ouaguenoun… Hier, c’est Fikat. Sur le fronton de la mairie, on pouvait lire : “On a soif!”. Le siège de l’APC était fermé alors que des centaines de jeunes commençaient déjà à s’exciter.

Ce sont les citoyens du village d’Imazgharène, qui de manière pacifique, étaient agglutinés devant le portail de la mairie et attendaient l’arrivée, d’un moment à l’autre, d’une délégation de la wilaya car ils ont déjà refusé d’ouvrir des négociations avec les élus locaux sous prétexte que ces derniers n’étaient pas en mesure de les satisfaire. En plus des deux revendications essentielles qui ne sont autres que l’alimentation en eau potable et au gaz naturel, les responsables de comité du village nous ont remis une plateforme de revendications en sept points. « Nous n’avons pas d’eau sinon pourquoi serions-nous venus fermer l’APC? Nous sommes des légalistes. Nous vous invitons à venir sur place pour voir avec vos propres yeux. Nous n’avons ni de réseaux de distribution ni encore moins de réservoir qui recevrait l’eau du barrage de Koudiat Acerdoune. Nous n’avons plus confiance en ces élus. Nous exigeons simplement et purement la venue du wali et des directeurs de wilaya. S’ils ne viennent pas, la mairie sera fermée le temps qu’il faudra. Il ne faut pas cacher le soleil avec un tamis. Imazgharène est un village abandonné», nous dit l’un des représentants du village, en la personne de M. Farid Haddadi. Dans la plateforme de revendications, les protestataires évoquent par exemple des foyers qui ne sont pas alimentés en électricité tels ceux réalisés dans le cadre de l’habitat rural. Pour les travaux publics, ils demandent en plus de l’aménagement et le revêtement de toutes les pistes, l’ouverture de nouvelles pistes de désenclavement, le dallage des ruelles existantes et des fossés bétonnés du CW 04 vers Imazgharène. Pour le volet santé les citoyens réclament une unité de soins. L’autre point sur lequel

ils veulent axer leurs pourparlers avec les autorités de wilaya est le gaz naturel. “Nous exigeons la mise en service de la première tranche (2006) et l’extension de la conduite du gaz naturel vers tout le village», soulignent-ils.

A ce sujet, le maire que nous avons contacté a été aussi clair que possible. “Frikat a bénéficié d’un projet de 64 kilomètres. Celui-ci a été réparti en trois lots. Les deux premiers confiés à la SGTE et Zemmouri sont terminés, mais le troisième pris en charge par l’EWER de Bouira n’est pas encore achevé. Cette entreprise ne nous permet ni de mettre en service ce qui a été terminé ni encore moins de prétendre à une quelconque extension. Ce n’est pas encore possible. Il faut que les responsables de la wilaya interviennent et exigent de l’entreprise de mener les travaux à la cadence voulue», explique le P/APC. Ce dernier revient longuement sur le problème de l’eau potable. ‘Tout le monde a soif. Je crois que rien n’a été fait pour recevoir l’eau du barrage de Koudiat Acerdoune. Le réseau réalisé par l’ERCHTO en 1992 est devenu vétuste. Il est entièrement rouillé car il n’a pas reçu d’eau depuis plus de dix huit ans. On ne peut pas intervenir sur un réseau arrivant de Beggas (Tizi-Gheniff) jusqu’à Imazgharène. Pourtant, nous sommes sur le terrain à réparer les innombrables fuites. Nous avons écourté nos congés pour répondre à toutes les doléances de nos concitoyens. Toute notre équipe, moi même et le subdivisionnaire de l’hydraulique de la daïra, nous sommes derrière ce problème. Il faut de véritables solutions. Je vous le dis sincèrement que rien n’a été fait pour recevoir cette eau. Les revendications de ces citoyens sont légitimes. En plus du réseau de distribution, il leur faut encore un réservoir de 1 000 mètres cubes. Mais, il faut reconnaître que des efforts ont été fournis par tous et qu’il ne faut pas effacer d’un coup d’éponge sur ce qui est fait tout en s’éloignant de toute politique politicienne», clame fort le premier magistrat qui se pose cette question : “A quand la fin de ce martyre ?”. Dehors, les jeunes commencent déjà à se

demander si cette délégation allait arriver car la chaleur commençait déjà à chauffer les crânes et les esprits. En dépit de tout cela, ils semblaient décidés à aller jusqu’au bout. “On en a ras-le-bol. La mort vaut mieux que cette vie», tonne une autre voix. Même si ce barrage d’une capacité actuelle de plus de deux cents millions de mètres cubes alimente la partie sud de la wilaya et dont le coût est estimé à vingt-deux milliards de dinars, ce qui n’est pas rien, nombreux sont les villages qui ne sont pas encore alimentés, si bien qu’en cette période de grandes chaleurs, des mouvements de contestation sont décidés ici et là. Il est à dire que les structures hydrauliques sont encore vétustes ou inexistantes pour recevoir cette eau. En tout cas, les responsables de l’hydraulique à leur tête M. Saïd Abbas, sont derrière toutes les situations et disent qu’il y a tout de même qu’il faudrait au moins quatre ans c’est-à-dire jusqu’à la fin 2014

pour qu’il y ait une mise à niveau. Dans certaines communes, ce sont toujours les essais. Nous y reviendrons dans notre prochaine édition.

Amar Ouramdane

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