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M’chedallah Troisième et dernière décade du Ramadan / Les corps et les bourses… s’affaiblissent

Après avoir consumé en début de matinée le peu d’énergie accumulée durant la nuit, les jeûneurs à partir de midi, commencent à se…faner comme des fleurs non irriguées et offrent des mines défaites à cause d’un déficit en sommeil qui s’est accumulé depuis 20 jours, ajouté à un dérèglement du rythme alimentaire qui dégrade les corps les plus résistants et les plus solidement constitués, des visages qui flétrissent à vue d’œil, des corps flasques aux démarches traînantes, incertaines et des nerfs à fleur de peau.

Tel est l’aspect physionomique des jeûneurs mais beaucoup plus accentués chez les femmes, d’abord par le fait d’être privées de leurs masques de maquillage, ensuite à cause de longues veillées ajoutées à une double masse du travail devant les fourneaux, particulièrement pour celles ayant à charge des enfants en bas âge, ce qui clouent ces malheureuses dans les cuisines de jour comme de nuit, ayant des bouches à nourrir H24 durant toute la période du Ramadan en plus de subir l’humeur des mâles

Même la concentration et la spiritualité diminuent sensiblement dans la journée, à cause de ce manque d’énergie ce qui contraint la plupart des journalistes à travailler de nuit pour produire leurs billets sachant que la plupart d’entre eux…carburent à la nicotine et la caféine sans lesquelles ils…sèchent.

Durant cette dernière décade, les citoyens déambulent à travers les artères des villes et villages à moitié assommés, hagards, le regard absent, surtout durant les dernières heures de la journée consacrées aux emplettes

Nos aïeux classent ces trois décades du Ramadan en les comparant à la vitesse des bêtes de somme qui servent de montures, c’est ainsi que la 1ere décade est comparée au cheval car les journées s’écoulent vite, la 2eme au mulet en comparaison à sa vitesse moyenne, ni rapide ni lente, la 3e enfin est qualifiée de décade des ânes (Thaâchrets gueghials), période durant laquelle, il semble aux jeûneurs que les heures s’égrènent très lentement et que le temps semble s’arrêter.

c’est la 3e tranche de Ramadan qui est la plus difficile, particulièrement en cette saison d’été où les journées de jeûne s’allongent sur presque 16 h/24h ; à toutes ces difficultés viennent se greffer l’angoisse d’une fin de ce mois très difficile pour les moyennes et petites bourses, la boulimie des premières semaines du Ramadhan ayant profondément creusé ces faibles bourses qui forment la majorité de la population de situation modeste, l’on se surprend par dessus le…marché à s’atteler à une stricte et pénible comptabilité où le moindre dinar programmé et destiné à un achat bien déterminé et l’on se surprend à regretter les folies des premières semaines, sachant que les calculs s’étalent bien au-delà de la fête de l’Aïd avec la rentrée scolaire qui pointe déjà son nez. “Après la fête, on se gratte la tête», disait l’adage au rythme des achats du Ramadan, ajouté à la cherté et à l’inflation. La plupart des jeûneurs risquent de se retrouver…chauves à force de se gratter la tête et pour ceux qui ont effectué des achats à crédit, ils risquent carrément de s’arracher les cheveux et le cuir chevelu après présentation de l’ardoise ou plutôt les ardoises du boucher, de l’épicier, du boulanger et de…Sonelgaz.

Oulaid Soualah

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