Tizi Aidel : Sur les sentiers de l’exode

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Le petit village de Tizi Aidel dans la commune de Tamokra est progressivement déserté par ses habitants qui ont pris le chemin de l’exode pour aller élire domicile dans les agglomérations urbaines de la Soummam.

“La quête de meilleures conditions de vie a conduit bon nombre de villageois à s’installer à Alger, Oran et même à s’expatrier», nous dira Ahcène B. originaire de Tizi Aidel mais résidant depuis des lustres à Akbou.

A Tizi Aidel où le temps semble s’être arrêté l’école primaire reste l’un des rares édifices publics témoignant de la présence de l’Etat.

En dehors de quelques bâtisses cossues, les constructions en pisé avec toiture à deux versants dominent le décor.

“Pour retirer un mandat postal ou se faire délivrer un document d’état civil, il faut se rendre jusqu’au chef-lieu communal distant de plus de 7 km en empruntant un hypothétique moyen de transport», se désole Djamel, un jeune du village.

“Il ne faut pas s’étonner, ajoute-t-il, si dans des conditions aussi rudes plus de 30% des villageois sont allés vivre ailleurs”.

Le séisme et le barrage Tichy Haf

Le village Tizi Aïdel a la tête dans le ciel et les pieds dans l’immensité glauque du barrage Tichy Haf.

Cependant, contrairement à des dizaines de milliers de citoyens d’autres localités qui vont pourrir profiter de cette manne providentielle, ceux de Tizi Aidel ont presque tout perdu du fait de ce projet grandiose. “C’est la faillite territoriale», résume un quinquagénaire de ce village situé en surplomb du plan d’eau. Notre interlocuteur fait allusion à leurs terres englouties par les eaux du barrage en noyant du même coup tout espoir de renouveau rural.

“La plupart des villageois se sont retrouvés ruinés. Du jour au lendemain, ils ont tout perdu», nous dira Akli, un autre citoyen de Tizi Aidel. “Les gens, qui durant toute leur vie, ont travaillé leur terre, ont été expropriés au dinar symbolique. Aujourd’hui, ils ne savent plus à quel saint se vouer, car ils n’ont ni terre ni suffisamment d’argent pour se reconvertir», ajoute-t-il sur une pointe d’amertume. Aux dires de nombreux villageois, leur espoir, déjà sérieusement ébranlé par le séisme de ces dernières années, a été anéanti par ce “satané” barrage. Et il y aura sans nul doute à l’avenir davantage de gens à entrevoir les sentiers de l’exode comme unique perspective pour se tirer d’affaire.

N. Maouche

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