De notre envoyé spécial à Béchar, Ali Boukhlef
Le président de la République a explicité les arguments clarifiant son projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Lors de son deuxième meeting populaire animé hier à Béchar pour le compte de la campagne référendaire, Abdelaziz Bouteflika a accusé des “parties dans le pouvoir » d’être contre la réconciliation nationale. “Je dois dire aujourd’hui que des parties dans le pouvoir sont contre la réconciliation”, a déclaré, en effet, le chef de l’Etat avant d’énumérer d’autres “parties” qui s’opposent à son sujet projet. “Il n’y a pas que deux parties dans le conflit, mais il y en a plusieurs”, dira Bouteflika avant d’accuser.“Il y a d’autres parties à l’extérieur du pouvoir qui s’opposent au projet”. Il n’y a pas que cela. Le président enchaînera que “d’autres qui n’ont rien à voir avec la politique font du business et marchandent avec les victimes”. De qui parle Bouteflika ? Il ne citera pas de noms, mais jettera juste après un véritable pavé dans la marre en déclarant que “les corps constitués ne veulent pas que la situation change. Ils ont peur qu’ils soient démasqués”. Là aussi le propos est quelque peu confus parce que, quelques moments plus tard, Abdelaziz Bouteflika dira qu’“il ne peut égaler entre ceux qui ont utilisé la violence pour sauver la République et ceux qui ont pris les armes pour la détruire”. Et le chef de l’Etatde preciser que sa fonction exige, à ce qu’“ il tente de répondre aux attentes des uns et des autres”. L’autre chapitre de la réconciliation qui a focalisé l’intervention du chef de l’Etat est celui lié à l’origine de la “tragédie nationale”.Le président dira qu’“il n’est plus possible de retourner en arrière”, interrogeant les présents nombreux, Bouteflika se demande si “il y a aujourd’hui un Algérien des années 1990”. Il s’agit pour lui d’éradiquer “les causes de nos malheureux”. Plus précis l’orateur dira que “ceux qui ont causé le malheur des Algériens n’auront plus la chance de revenir sur la scène politique”. Les responsables de l’ex-FIS, ceux qui sont à l’intérieur comme ceux qui sont à l’extérieur, ont été ciblés par le chef de l’Etat, notamment ces derniers qui n’ont pas exprimé “d’opinions constructives”. “Ils ont, au contraire, déclaré la guerre à leur peuple en appelant au djihad contre leur propre pays”, dira Bouteflika qui a refusé d’admettre “leur droit à la libre expression. Cependant, le président croit dur comme fer que “la réconciliation nationale est la seule solution possible actuellement”. Sans pour autant exclure d’autres initiatives à l’avenir. “La loi sur la rahma et celle de la concorde civile étaient des vaccins. Celle de la réconciliation nationale en est une autre. Il ne faut surtout pas exagérer dans la dose. Demain, nous allons proposer peut-être autre chose ou d’autres amoureux de l’Algérie le feront à notre place”, a-t-il déclaré en somme avant de revenir à la charge en excluant toute idée d’amnistie générale qui nécessite à ses yeux, “une plate-forme politique et juridique”.Plus explicite, le président dira qu’il est “conscient que le chemin de la réconciliation est long et périlleux”. Pour preuve, il donnera les différentes “victimes de la tragédie nationale”. “Comment vais-je consoler la mère qui a perdu son fils ou l’épouse qui a perdu son époux ? Comment vais-je faire face à l’orphelin qui ne verra plus son père ? S’est-il interrogé avant de répondre que seule “la foi peut régler tous ces problèmes.” Parlant du GSPC, le président Bouteflika se rappellera que “deux diplomates algériens ont fait l’otages par des étrangers que nous ne connaissons pas. Et voilà que des Algériens ont élevé leur voix pour demander à ce qu’ils soient égorgés”, avant de s’écrier “nous n’avons rien à voir avec ces gens-là.Au sujet des disparus, le chef de l’Etat dira que la majorité était dans les maquis. “Il faut dire que la plupart des disparus ont rejoint les groupes terroristes”, a fulminé Bouteflika avant de dire qu’“il y a eu effectivement des dépassements de certains agents des services de sécurité”, mais il dira qu’il ne peut pas couper la tête aux gens. La solution ?Elle est dans le fait qu’“il revient à l’Etat de prendre en charge cette catégorie”. En somme, Abdelaziz Bouteflika a tenté d’être plus clair dans son projet de la réconciliation nationale. Pendant plus d’une heure, il a livré un message aux habitants de Béchar. “Vous êtes libres de votre vote, mais la réconciliation doit être approuvée en masse”.
A. B.
