A quelques jours de la fête de l'Aïd El-Fitr / Les familles entre le marteau des désirs et l’enclume des moyens

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Après avoir subi les affres d’un début de Ramadan très chaud sur le plan des prix, qui ont pris des ailes durant tout ce mois, voilà qu’un autre ‘’invité indésirable’’ tape aux portes des Algériens, il s’agit de l’Aïd El-Fitr, qui rime avec la dépense ; sachant que cette année cette fête religieuse coïncide avec la rentrée scolaire, alors que Dieu soit avec vous. En effet, lors de notre virée aux différents quartiers et marchés de la capitale, nous avons constaté déjà de longues chaînes notamment auprès des magasins d’habillement, où les marchands se frottent les mains. Même constat aux niveaux des marchés informels qui poussent comme des champignons devant le laisser-aller des autorités compétentes, c’est le cas notamment à la place des martyrs qui est squattée par des marchands informels, ‘’ On ne peut plus faire face aux dépenses’’, se plaint un père de famille rencontré dans ce marché. “Certes les prix sont un peu cléments, mais un père de famille qui a deux à trois enfants ne peut pas se permettre de faire habiller sa progéniture convenablement, c’est pour cela que les familles recourent vers ce genre de marché où les prix sont un peu cléments par rapport aux autres magasins», lance un autre père de famille. Il reste que le comportement de ces citoyens est souvent derrière l’envolée des prix, d’autant que ces derniers deviennent des boulimiques durant cette période, une chose qui arrange beaucoup plus les affaires des marchands qui se frottent les mains. C’est le même scénario qui se répète à l’approche de chaque fête religieuse, disant que ces gens ont une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. En outre, les Algériens sont de bons vivants et ils profitent des plaisirs de la vie et de ne laisser aucun moment de bonheur et convivialité leur échapper. C’est pourquoi, et malgré les revenus moyens de la majorité des gens, en grande partie des salariés, nos concitoyens ont du mal à freiner leurs dépenses pendant ce mois de piété persuadés que l’argent est indispensable à une vie bien remplie. Devants ces santes humeurs, ils sont nombreux ceux qui recourent même à casser leur tirelire, ou raclent le fond de leur escarcelle pour faire face aux multiples dépenses inhérentes, devant ce triplé budgétivore (Ramadan, l’Aïd, et la rentrée scolaire). Cette amère réalité pousse souvent les familles, à recourir à plusieurs issues, afin de subvenir à leurs besoins, tels que le prêt sur gage, s’endetter auprès des proches, quitte à perdre leur estime, vendre les bijoux de famille et se retrouver sur la paille, ou se laisser tenter par un emprunt auprès des usuriers et passer des années à payer une dette qui aura atteint plus de trois fois son montant initial. En somme, c’est une dure réalité que vivent bon nombre de citoyens qui, face à la cherté de la vie et à la dégringolade du pouvoir d’achat, éprouvent de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. Ce ne sont pas seulement les modestes revenus qui souffrent mais le mal a atteint aussi les salaires moyens. Ils sont nombreux, et même très nombreux les pères de familles, qui vendent ou gagent les bijoux de leurs femmes, ou qui s’endettent, tout espérant des lendemains meilleurs car l’essentiel pour eux, c’est de se débrouiller dans l’instant présent, pour colmater une brèche, boucher un trou, mais pas tous les creux.

Yahia Maouchi

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