Draâ El Mizan : Rentrée dans la douleur

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Un autre grand rendez-vous ne laisse pas de répit aux familles après avoir été laminées par les diverses fêtes familiales et le mois de carême. En effet, après vingt-cinq jours de jeûne, beaucoup ne pensent pas seulement à la fête de l’Aïd, mais aussi à la rentrée scolaire.

« Je vous avoue que j’ai tout dépensé. Je ne sais pas si le salaire du mois de septembre nous sera versé au moins avant le cinq, sinon je raterai l’Aïd et la rentrée scolaire », nous confie ce père de famille de quatre enfants, fonctionnaire à l’APC. Ce dernier nous confie que son salaire ne dépasse pas les vingt mille dinars.

Comme ce père, ils sont des centaines qui se préparent avec la peur au ventre pour cette rentrée fixée au lendemain de la fin du mois de Ramadan. Notre interlocuteur se demande pourquoi ses enfants ne reçoivent pas des livres gratuitement comme les autres. “Certes, j’ai une fiche de paie, mais elle ne suffit même pas à assurer la maigre pitance à ma famille et à régler toutes les autres charges, eau, électricité études des enfants…

Et pourtant, je connais des gens qui ont des ressources non déclarées qui bénéficient non seulement de la prime de scolarité de 3 000 DA par enfant, mais aussi de livres gratuits. C’est une injustice sociale», enchaîne ce fonctionnaire qui ne tarde pas à nous faire part de tout ce qui l’attend. “Quatre enfants à scolariser. Chacun d’eux aura besoin uniquement pour les livres et les fournitures scolaires de 7 000 DA en moyenne. Et pour les vêtements d’occasion au moins 4 000 DA.

Faites les calculs. Est-ce que vraiment vingt mille dinars me suffiront?», nous interroge-t-il. De nombreuses familles trouvent le moyen de vendre même leurs meubles afin de sauver la baraque. D’ailleurs, on voit dans les magasins de brocante, tout genre d’objets, allant de la literie jusqu’à la vaisselle en passant par des articles électroménagers.

Si on entend ici et là que le nombre de pauvres a diminué on ne comprend pas comment expliquer cette réalité. Pourtant, à Draâ El Mizan, par exemple, les familles qui ont bénéficié des colis alimentaires dépassent le millier. Alors que les cadres moyens ne sont pas comptés. Aujourd’hui, tous ceux qui touchent moins de quarante mille dinars devraient faire partie des “familles démunies», au regard de l’érosion du pouvoir d’achat.

Des fonctionnaires touchant des salaires plus au moins élevés affirment qu’ils n’ont pas mangé de viande (ni congelée ni fraîche), durant tout ce mois de Ramadan. Jeudi dernier, de très bon matin, nombreux sont les parents accompagnés de leur progéniture qui étaient à la recherche de la bonne occasion au milieu des ballots de vêtements, tandis que les étals de vêtements neufs étaient déserts. En effet, pour ces derniers, ils sont inabordables.

A l’exception des habits fabriqués notamment en Chine, tout est cher. A titre d’exemple, un pantalon jean, un tee-shirt ou un chemisier reviennent à plus de 4000 DA, sans compter bien sûr les chaussures dont les prix sont fixés entre 1 100 DA et 4 000 DA. En tout cas, seuls les plus nantis peuvent s’y frotter. Les autres et même ceux qui gagnent des salaires moyens ne fréquentent que la friperie. “Il vaut mieux ces vêtements, même s’ils sont usagés, que d’acheter ceux fabriqués en Chine, qui sont parfois même porteurs de maladies. Ici, il faut se lever tôt le matin pour choisir. Parfois, on retire des choses encore neuves avec des prix abordables.

Avec 5 000 DA, je pourrai vêtir mes deux enfants pour l’Aïd et pour la rentrée scolaire. On ne peut plus approcher les vêtements dits made in», nous a confié ce père accompagnés de ses deux enfants. Pour cette année, c’est une exception, la fête de l’Aïd coïncide avec la rentrée scolaire. “D’une pierre, deux coups», a ajouté notre interlocuteur. En définitive, c’est une véritable saignée pour les ménages.

Ces derniers ne pourront se relever de sitôt. En dépit de tout cela, les parents ne peuvent se passer tout de même de satisfaire les petits caprices de leurs enfants, tout en leur souhaitant une bonne fête et une année scolaire pleine de succès.

Amar Ouramdane

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