De l’avis de nombreux citoyens c’est le mois de carême le plus difficile de ces vingt dernières années, en raison d’une exceptionnelle canicule qui a sévi durant tout ce mois, aggravée par une recrudescence des feux de forêts jamais égalée qui n’ont épargné aucun espace végétal de l’ensemble du territoire de la daïra de M’chedallah
et les Daïrates limitrophes tel que El-Adjiba, Bechloul à l’ouest, Akbou et El Mehir à l’est, où l’on a comptabilisé pour l’ensemble de ces régions des dizaines d’incendies quotidiens.
Quelles que soient les mesures qu’on prend au moment du S’hour pour se prémunir de la soif qui consiste à se forcer à boire beaucoup d’eau et faire de son estomac un réservoir semblable à la bosse du chameau, ou éviter de manger des aliments épicés, pimentés ou gras qui provoquent la soif, en vain !
09 h du matin passée, l’on se retrouve inévitablement la gorge sèche et brûlante et les entrailles en feu comme lors d’une traversée du désert.
D’autres s’essayent aux fruits contenant beaucoup d’eau comme la pastèque, le melon, les figues de barbarie ou la tomate, le résultat n’est pas meilleur.
Un citoyen d’Assif Assemadh nous confie avoir eu à plusieurs reprises des hallucinations en plein jour en voyant partout des ruisseaux couler à flots, des robinets d’où s’écoulent des filets d’eau ou des fois des mares avec des vagues miroitantes ; d’autres en faisant la sieste ne rêvent que d’eau ; des visions vécues 16/ 24 h avec souvent des températures qui franchissent la barre de 42° avec en plus l’inévitable corvée quotidienne des emplettes de fin de journée, le moment le plus dure d’une journée de Ramadhan.
Les jeûneurs sont reconnaissables à leurs mines défaites et la démarche titubante comme celle des… ivrognes et les nerfs en boule, facile à irriter et dont chaque geste nécessite un effort considérable.
Bizarrement les femmes qu’on classe trop vite de… » sexe faible » supportent et résistent mieux, beaucoup mieux aux affres du Ramadhan que les hommes les mieux bâtis ; l’autre difficulté aussi insurmontable que la faim et la soif est celle trouver des sources financières pour boucler l’une des plus dures fin de mois de toute l’année et dont sa seule évocation est source de tracasserie et d’angoisse, alors qu’il n’ y a pas si longtemps, l’Aïd était une fête qu’on attendait avec impatience.
Un être chèr dont on attend l’arrivée ou un heureux événement, on dit qu’on l’attend dans le jargon populaire, comme le croissant de lune de l’Aïd (Aggour l’Aidh) synonyme de joie, de bonheur, hélas c’était l’époque où l’on fêtait ce jour dans la simplicité et la joie des retrouvailles ; des moments de bonheur transformés en une journée d’angoisse pour ces pauvres chefs de familles entraînés malgré eux dans une spirale de consommation engendrant de folles dépenses bien souvent à crédit pour faire comme les autres » fais comme ton voisin ou déplace ta porte » disait l’adage populaire même quand ce voisin est un fortuné.
Donc l’Aïd arrive pour boucler la boucle de 30 jours de dépenses frénétiques incontrôlées et de gaspillage sachant qu’approximativement 30% des produits alimentaires payés aux prix fort iront à la poubelle, le Ramadhan étant une période où l’on mange non pas avec la bouche mais plutôt avec les yeux, une » boulimie visuelle » à laquelle l’estomac refuse de contribuer en repoussant une bonne partie des victuailles pour se prémunir des indigestions et autres intoxications dont l’aboutissement final sont les urgences de l’hôpital et une ordonnance aussi longue que le bras quand ce n’est pas une hospitalisation obligatoire.
Oulaid Soualah
