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Semaoune : Lewziâa, comme au bon vieux temps !

« La mode apporte de l’individualisme, et la tradition appelle à l’union. A chaque fois, on ressent un besoin pressent de regarder vers nos aïeux pour puiser matière à travailler collectivement pour notre bonheur à tous. Lewziâa fait partie des ces traditions ancestrales au charme jamais démenti dont la vague de gaieté se répand sur les âmes avec douceur.

C’est une occasion aux gens de se rencontrer, et se réconcilier si besoin est. Encore faut-il ajouter que des villageois partis vivre ailleurs ont fait un retour au bercail très réconfortant ». C’est en termes empreints de nostalgie et de joie qu’un représentant du comité de village Semaoune, dans la commune de Chemini, nous a ouvert le cœur.

Depuis une semaine, l’effervescence est palpable au village. Après la collecte de l’argent, agrémentée de dons de bienfaiteurs, le recensement du nombre de foyers (axxam et taxxamt, dans la tradition kabyle), deux taureaux ont été achetés au grand bonheur des enfants qui ne cessaient de tournoyer autour avec une rare curiosité. Et finalement, le sacrifice a eu lieu dans l’après-midi du vingt-septième jour du Ramadhan. Dans une ambiance aux relents d’indescriptible joie, le sang vermeil a giclé dans un torrent pour irriguer des coeurs en manque de moments cérémonieux.

« On attendant l’Aïd amoqran, lewziâa s’avère un moment de plaisir et de partage. On crée cette convivialité qui manque tant dans nos sociétés, avec un regard particulier aux pauvres et autres nécessiteux », explique un autre membre du comité de village.

Le lendemain du sacrifice, les taureaux ont été partagés en plusieurs morceaux, et chaque chef de famille a passé prendre sa part. Les têtes ont été vendues aux enchères, dont la recette est reversée au comité de village pour être utilisé pour un bien collectif. « Nous espérons pouvoir perpétuer ces occasions de rencontres, qui nous laissent avec le sentiment de satisfecit général, où chaque individu au village a pris sa part, ce qui met tout le monde sur le même pied d’égalité et sur le désir collectif de maintenir la cadence en vue de la réalisation d’autre chantiers d’envergure ! « , souhaite-t-on encore. Ainsi, par cette manière de retrouver une culture ancestrale haute en couleur, les villages se ressoudent et amorcent des regards optimistes pour des lendemains souvent incertains.

T. D.

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