Culture Djilali Khellaf : Quête désespérée d’un éditeur

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Bien des éditeurs, qu’ils soient institutionnels ou supposés indépendants, qu’ils aient le souci de diffuser la «bonne» littérature ou de rentabiliser leur entreprise à travers les manuels de l’estomac que sont les livres de cuisine, sont à l’amende. C’est que leur prétendue vocation de dénicheurs de talents est prise en défaut. En effet, peut-on prétendre que sa maison est habitée par de subtils lecteurs professionnels et au même temps occulter une écriture aussi authentique et originale que celle de Djilali Khellaf ? Cet ex-inspecteur de l’éducation de Bgayet qui a collaboré durant de longues années avec des quotidiens régionaux français, a présenté son manuscrit aux jurys de quelques maisons d’édition qu’il croyait désintéressés par les calculs d’apothicaires. «Il y a assurément de la présomption dans ce vaniteux mépris vis-à-vis de la chose littéraire», s’offusque Khellaf qui attend toujours qu’on vienne le délivrer de son manuscrit. Le graphomane en quête d’éditeurs n’est pourtant pas un prosateur inconnu. La tonalité décapante, il suggère par l’humour vitriolé et la caricature que «les monstres de la décadence sont inscrits dans le devenir du pays, ce terrible fortin aux avant-postes de l’intolérance et de la désertification de la raison», assène-t-il. Pour s’éviter le tract imprimé il revendique de mettre en symbiose toutes les catégories d’écritures, à savoir, l’humour et ses calembours, la satire et le trait féroce et pourquoi pas le loufoque et ses «diagonales». Revenu des tromperies politiques et vacciné contre les choléras idéologiques et la peste de la religiosité cet auteur novateur est un enfant perdu… pour l’embrigadement mais gagné par l’hygiène intellectuelle et la dérision. Il fait sienne de credo de l’humour grinçant « car, estime-t-il, il ne faut pas ajouter au marasme et au décervelage ambiant une louche de solennité », puisque écrire en ce temps-là n’est pas une coquetterie mais un substitut de thérapie. La méthode Coué pour échapper à la folie !

N. Maouche

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