Le procès des deux citoyens « non-jeûneurs » de Aïn El Hammam s’ouvrira aujourd’hui. En dépit de l’énorme polémique qu’elle a suscitée depuis son éclatement en août dernier et le caractère « très sensible » de l’affaire, le procès ne semble pas capter l’attention de la société civile et de la classe politique.
En effet, et hormis les quelques expressions de solidarité émanant d’une partie des citoyens de la région ainsi que les brèves déclarations publiées par une ou deux associations de défense de droits de l’homme et des libertés individuelles, les deux prévenus de Michelet n’ont bénéficié d’aucune forme de soutien public.
Le procès se déroulera donc dans un curieux et agaçant climat de passivité et d’indifférence.
Une passivité qui risque fort de coûter très cher aux mis en cause surtout si l’institution judiciaire continue d’interpréter l’article 144 bis du code pénal (alinéa 2) d’une manière éronnée, et ce comme décrié par de nombreux avocats, d’associations ainsi que la maison des droits de l’homme et du citoyen à Tizi Ouzou.
Au moment où certaines voix se revendiquent, publiquement, d’un courant idéologique extrémiste, ont instantanément sauté sur l’occasion pour faire dans la propagande subjective et faire monter leur électorat au nom d’Allah, d’autres partis, qui ont toujours voulu nous convaincre qu’ils sont les protecteurs de la démocratie dans ce pays, se sont confirmés dans un silence inéxpliquable, voir suspect sinon, comment expliquer le fait que des formations politiques comme le FFS et le RCD, et même le RND, lesquels nous ont habitués à des sorties médiatiques agressives et vitriolées à la moindre occasion (notamment quand il s’agit de tirer sur leurs adversaires politiques) n’ont même pas été capables de prendre partie publiquement dans cette affaire, dont les enjeux idéologique sont connus de tous.
Il ne s’agit, bien évidement, pas de soutenir ou pas soutenir ces deux ouvriers qui ont « osé » casser la croûte dans un chantier un jour de Ramadan, le débat se situe plutôt au niveau du respect des libertés individuelles et de la rigoureuse application des textes juridiques régissant ce volet.
En optant pour une politique de mutisme publique, nos parties font pas seulement preuve de démission politique, mais aussi et surtout, d’un incroyable déficit en matière de courage politique.
Plus que ça, ces partis qui préfèrent faire semblant de ne rien voir, ont volontairement offert une aubaine pour leurs adversaires idéologiques, qui eux ne se sont pas faits prier pour occuper le terrain et animer les débats.
Qu’à cela ne tienne, les deux prévenus de Aïn El Hammam auront tout de même le soutien des citoyens anonymes qui n’auront certainement aucune crainte de s’afficher aux côtés des mis en cause.
Par ce fait, nos partis constateront que leur démission est désormais palpable sur tous les plans.
Alors les conseils, les cours de démocratie et du respect des libertés ne peut plus émaner de cette classe politique.
Une classe qui devrait plutôt s’inscrire dans une autre classe… celle du rattrapage. Le temps des donneurs de leçons est bel et bien révolu !
Ahmed Benabi