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Ville des Hammadites : Les figues sèches à 400 DA

Ces vieux, le piochent deux fois par an, une fois au printemps pour lui permettre d’absorber le maximum d’eau pluviale nécessaire à la fructification et à l’automne où le terrain est plus propice à ce travail éreintant.

Les jeunes préfèrent louer leur force de travail ailleurs, dans les chantiers du bâtiment des villes, dans les champs pétroliers du Sud et pour les plus « chanceux », quand ce n’est pas l’émigration autorisée ou clandestine dans le pays de prédilection de leurs parents, la France. Ces derniers temps, une autre destination bien plus lointaine celle-là attire l’attention de ces jeunes.

La figue, ce délicieux fruit d’automne fait couler l’eau à la bouche depuis la nuit des temps. On ne cesse de le demander sur le marché mais on lui consacre peu d’entretien.

Dans la wilaya de Bgayet, à l’instar des autres régions d’Algérie, les figues sont devenues comme des fruits exotiques au fil du temps. C’est le résultat de l’abandon pur et simple de l’entretien de cet arbre béni de Dieu ; cité dans le saint coran et la bible ce fruit a marqué sa présence dans les livres des religions monothéistes. De nos jours, ils ne sont pas nombreux à se consacrer à son entretien, hormis quelques agriculteurs de l’ancienne génération, qui lui consacrent leur amour et leur force de travail.

Ces vieux, le piochent deux fois par an, une fois au printemps pour lui permettre d’absorber le maximum d’eau pluviale nécessaire à la fructification et à l’automne où le terrain est plus propice à ce travail éreintant.

Les jeunes préfèrent louer leur force de travail ailleurs, dans les chantiers du bâtiment des villes, dans les champs pétroliers du Sud et pour les plus « chanceux », quand ce n’est pas l’émigration autorisée ou clandestine dans le pays de prédilection de leurs parents, la France. Ces derniers temps, une autre destination bien plus lointaine celle-là attire l’attention de ces jeunes.

Il s’agit de l’Afrique du Sud et du Canada. Tous ne partent pas bien sûr et l’on se rabat sur les interminables parties de dominos dans les nombreux cafés maures ; plus nombreux ici que toutes les autres activités commerciales. Résultat des courses tout est à l’état d’abandon. Combien de fois avons-nous vu des oliviers et les, figuiers ensevelis sous les ronces et genêts ?

Pour cette année, aussi bien pour le raisin, la figue sera abondante et l’on se prépare déjà à la fabrication de claies, faites à base de roseaux pour pouvoir sécher le surplus et en faire des figues sèches, qui ont atteint, ces dernières années, le prix de 400 DA le kg. A quelque chose, malheur est bon. Cette récolte exceptionnelle est le fruit non d’un quelconque effort supplémentaire des paysans, mais le résultat heureux de la chute abondante des neiges.

Au pays des chemins qui montent, la figue a été ainsi ressuscitée par la grâce d’une météo capricieuse et qui ne fait pas que dans les malheurs.

Elle nous fait comprendre, par là les richesses et les potentialités d’un pays à la nature généreuse, pour peu que tout le monde retrousse ses manches et l’aide à accomplir son travail de pourvoyeuse de richesses.

Le secteur agricole est presque à l’agonie dans notre pays. Ce n’est pas par hasard que la pomme de terre se vend à 80 DA le kilo.

C’est une honte pour un vaste pays, comme le nôtre. Redynamiser le travail de la terre d’une manière efficace et durable est l’une des priorités, sur lesquelles, les pouvoirs publics se consacreront si vraiment la relance économique n’est pas un vain slogan populiste.

Ali Remzi

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