Saharidj / Réaménagement de l’ancien cimetière d’Ath Salah : l’histoire revisitée

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Comme rapporté dans un précédent article, un ancien cimetière inconnu jusque-là a été découvert par hasard au lieu-dit Achaivou lors de l’aménagement d’un terrain d’assiette d’un nouveau stade communal ; ce lieu de repos éternel, vieux de quelque 04 siècles s’avère après des recherches et investigations appartenir à la tribu des Ath Salah qui a fui l’oppression turque pour se réfugier sur l’autre versant de Lalla Khadidja dans la commune de Bouzeguane ou elle bâtît un nouveau village baptisé au nom de celui qu’elle a quitté Ath Salah.

Le cimetière ayant été durement affecté par le passage du bulldozer qui effectuait des travaux de terrassement, l’APC de Saharidj en accord avec le comité de quartier d’Ath Salah et leurs proches parents de M’chedallah, la famille Allouche d’Ath Ivrahim, en l’occurrence, ont décidé de réaménager le site sacré en réunissant les 42 tombes découvertes dans un caveau commun, et en délimitant le reste de sa surface épargnée par l’engin.

Après la cérémonie de recueillement en présence d’un imam, les ossements et squelettes mis dans des linceuls individuels ont été placés dans des caveaux. L’entrepreneur qui intervenait sur le projet a offert un mouton qui a été sacrifié sur place selon le rituel musulman. Un proche parent d’Ath Salah, M. Allouche Amarouche, a ensuite convié tous les présents et la délégation venue de Bouzeguene à un couscous qu’il a offert en son domicile Tamourt Ouzemmour pour sceller définitivement l‘acte des retrouvailles et de fraternité avec les Ath Salah. Le président du comité du quartier de ces derniers a ensuite pris la parole pour dresser un bref histoire de cette poignante histoire de leur tribu qui a dû fuir, la région de M’chedallah pour échapper aux représailles de l’armée turque après avoir tué leur officier qui perpétrait sur eux des exactions répétées aux environs du 17ème siècle.

L’orateur nous apprend que le premier contact avec l’un de leurs proches parents de M’chedallah a eu lieu en 1918 par le biais d’un des leurs qui exerçait le métier de cordonnier à Akbou, et depuis ils n’ont jamais coupé le contact avec leur région d’origine et leurs parents, la famille Allouche, comme ils nous apprend aussi que leur village Ath Salah de Bouzeguene qui est chef-lieu de commune et Daira est classé 2ème en matière démographique sur les 22 villages que compte la Daïra de Bouzeguene.

Sur le volet révolution, l’orateur souligne que leur village a été le théâtre du premier accrochage de la circonscription contre les forces coloniales en avril 1956 au lieudit Thivouchichine. Les soldats français qui ont subi d’énormes pertes en ce jour, sont revenus le lendemain avec des renforts et en représailles ont abattu…75 mulets et 04 vaches prétextant que les bêtes de sommes sont utilisées par l’ALN pour le transport de blessés et de ravitaillement, et de souligner que pas moins de 84 martyrs d’Ath Salah sont tombés au champ d’honneur durant la guerre de Libération.

En revenant sur l’histoire de leur exil, l’orateur tient à préciser que la tribu pour passer inaperçue dans sa fuite s’est scindée en deux : une partie s’est dirigée vers l’ouest pour aller s’installer à Blida au pied du mont de Chréa, et construisît un village baptisé Beni Salah, et de souligner que jusqu’à aujourd’hui ce village a conservé et pratique encore les coutumes et la langue kabyle. Décidément la découverte par un pur hasard de cet ancien cimetière, à Achaivou, inconnu jusque-là a levé le voila sur un important pan de l’histoire de la région et de la communauté kabyle. L’ensemble de la délégation d’Ath Salah qui affiche une forte émotion non feinte après avoir foulé le sol de leur région d’origine, et devant un accueil des plus chaleureux, tant du côté des élus des deux communes (Saharidj et M’chedallah) que de la population particulièrement par ceux du village Ath Ivrahim, promettent avant de nous quitter de faire le nécessaire pour renforcer davantage les liens avec leur terre natale celle de leurs ancêtres et procéder en parallèle à des recherches plus poussées pour apporter les éléments manquants à leur histoire.

Oulaid Soualah

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