Le radoucissement remarquable du climat depuis une semaine, suivi d’une baisse sensible des températures, annoncent enfin l’arrêt du cycle infernal qui s’est étalé sans interruption du début à la fin de la longue saison estivale, marquée par des incendies de forêt d’envergure et en séries.
Il suffirait de se placer sur une haute colline dominante offrant une vue d’ensemble du tissu forestier de la Daira de M’chedallah pour visionner en gros plan une longue pour percevoir la «tenue bariolée» de la nature composée de deux couleurs, l’une noire carbonisée, retraçant le passage du feu, l’autre verte chatoyante, composant les poches épargnées par les flammes. Que l’on raconte ce qu’on veut, en avançant une comptabilité des surface brûlées en jouant sur les chiffres dans le but de réduire au minimum l’étendue du désastre dont la seule expression qui en convient ne peut être qu’apocalypse écologique sans précèdent, dont fort heureusement l’arrivée de cette période de transition impatiemment attendue par la population, marque la fin du cauchemar du moins jusqu’à la prochaine saison chaude dans 08 mois. Un temps de répit largement suffisant pour permettre aux nombreux organismes de l’état de revoir de fond en comble leurs mécanismes et dispositifs mis en place en matière de protection de l’environnement et de lutte anti-incendies qui ont affiché leurs limites de la manière la plus…visible. En plus de réduire le paradisiaque panorama et son rôle inestimable dans l’écosystème à sa simple signification et qui n’est plus désormais qu’un bon vieux souvenir, ces innombrables incendies ont causé des dégâts irréparables dans le monde animal ou la faune, en réduisant en charbon des dizaines d’espèces de bêtes sauvages qui se sont retrouvées encerclées par les flammes, pour celles qui ont réussi à s’échapper, leurs territoires étant détruits, elles auront dans un proche avenir à affronter l’hiver délogées de leurs refuges et abris et de leurs lieux habituels où elles savent où et comment trouver leur nourriture. Même la régénération des animaux sauvages et le repeuplement subiront, sans aucun doute, un considérable retard sachant que la plupart des femelles mettront bas en automne et en début d’hiver sans possibilité de mettre leurs petits dans des abris. La mise à bas cette année se ferait n’importe comment en terrains nus et le froid et les carnivores ne laisseront aucune chance de survie aux nouveaux nés. Ce sont là les quelques désastreuses conséquences de l’embrasement des légendaires forêts de Kabylie, auxquelles ont assisté extrêmement révoltés mais en spectateurs impuissants, les citoyens de la région, mieux placés que quiconque pour évaluer l’étendue des dégâts de cette catastrophe. Un vieux dicton kabyle dit : «La forêt reproche à la hache de lui faire mal et la hache rétorque : Mon manche c’est toi qui me l’a offert». Il est révolu le temps où il suffisait de crier au feu pour voir tout le village rappliquer pour l’étouffer aussi rapidement qu’il a commencé. Quel que soit l’origine de ces incendies, criminels ou naturels, la population ne peut pas nier sa part de responsabilité en assistant passivement à la disparition de l’un des plus beaux tissus végétaux d’Afrique même quand ce sont les derniers spécimens des pins noirs de la planète, plusieurs fois milliaires, qui s’embrasent comme des torches et dont le son des crépitements des pommes s’apparente à celui d’un cri de détresse.
Oulaid oualah