L’OPEP à la rescousse ?

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Le cartel se réunira en septembre exclusivement pour atteindre cet objectif qui semble être la préoccupation majeure de l’heure et pour les pays-OPEP et pour les consommateurs d’autant que le prix du baril avait franchi ce jour-là la barre des70 dollars. En effet, à elle seule l’OPEP ne peut réaliser ce but sans une collaboration effective avec les pays consommateurs. »C’est quelque chose que nous ne pouvons pas faire individuellement à l’OPEP, mais nous pouvons le faire en collaboration avec les consommateurs et producteurs ». En outre, il rassure que « nous tenterons lors de la prochaine réunion d’augmenter notre production au prochain trimestre de l’année. Je pense que c’est le bon moment pour tenter de renouer le dialogue avec les consommateurs », a déclaré cheikh Ahmad Fahad Al-Sabah, ministre koweïtien de l’Energie, cité par l’agence koweïtienne KNA. Et d’ajouter qu’il daignera de présenter « une proposition lors de la prochaine réunion de l’OPEP, en vue d’augmenter à la fois la production et les quotas de 500 000 barils par jour (b/p/j), pour stabiliser le marché ». L’on notera comme rappel que l’Organisation produit actuellement 30,4 millions de bpj et le surplus existant sur le marché estimé à plus de deux millions de barils. Pour lui, d’autres facteurs comme la géopolitique, le climat et le raffinage sont les causes de la hausse des prix. Par ailleurs, depuis 2002, le cartel sait que le management efficace des marchés pétroliers nécessite de sa part des réunions régulières pour affiner et communiquer sa position. En 2004, il a convoqué ainsi 5 réunions, dont 3 extraordinaires et s’est engagé dès lors à produire au maximum pour essayer de freiner la montée vertigineuse des prix. En moyenne, l’Opep a produit 28,7 mb/j de brut en 2004, soit une hausse de 1,9 mb/j par rapport à 2003 et la plus forte production depuis 1979. Cette année encore, elle continue à faire plus dans l’espoir de freiner l’ardeur du marché, mais le poids de la demande, toujours en hausse, limite ses marges de manœuvre. Car selon les observateurs, les liens économiques entre l’augmentation des prix et la baisse de la demande semble rompus, chose qui complique les prévisions pour 2005. Ainsi, certains analystes estiment que « ce lien se matérialisera avec un effet retard et prévoient donc une hausse de la demande bien plus faible en 2005 ». D’autres voient que « l’effet prix devient mineur dès que le pouvoir d’achat des consommateurs est suffisant et projettent une augmentation toujours substantielle de la demande pour 2005 ». La divergence des analyses se fait de plus en plus apparente. Des analyses qui donnent au final des estimations de prix du baril opposées : pour les premiers, les prix vont baisser, tandis que pour les seconds, les prix vont continuer à rester à des niveaux élevés. Pour les experts, la Chine est le moteur principal de cette hausse, avec une augmentation de la demande de brut de 0,9 mb/j, suivie par les Etats-Unis (+ 0,5 mb/j). Cette hausse de 3,4 % de la demande mondiale est la plus forte constatée depuis 1976. Enfin, du côté de l’offre, les prévisions se sont révélées trop optimistes : la première estimation a prévu une augmentation de l’offre non-Opep de 1,3 mb/j, alors qu’en réalité elle n’a été que de 1 mb/j. En réalité, l’on découvre aujourd’hui que les projections de la demande pétrolière pour 2004 étaient très largement sous-estimées. Le niveau des prix pétroliers résulte, essentiellement, des « anticipations » relatives aux fondamentaux de l’équilibre entre l’offre et la demande. Mais il est certain que les prix sont aussi influencés par les informations sur les capacités de productions, les variations de stocks et les positions des différents acteurs sur les marchés à terme. Enfin, la capacité de production de l’Organisation devrait atteindre 33,9 millions de b/j l’an prochain, et l’accélération des projets d’augmentation de la production devrait permettre d’accroître les capacités de production du cartel de 3,5 à 4,0 millions de b/j entre 2006 et 2010.

Sabrina Bouras

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