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Foin de civilités politiques

Il faut sans cesse répéter que la femme algérienne, et ce, malgré ses sacrifices et ses engagements, n’a pas encore la place qui lui revient de droit.Mais il ne suffit pas d’écrire, de parler et de dire ; encore faut-il assumer le combat et ne pas en faire un fonds de commerce saisonnier. Car comme toute les questions et combats justes, une caste a décidé de se les approprier et de leur insuffler la vitesse qu’elle aura décidée. Les «civilités» et les «politesses» politiques empêchent les vérités d’être dites, et de là, tout débat contradictoire et une auto-critique nécessaires.En effet, comment ne pas poser la question à nos amis du Mouvement citoyen sur l’absence, voire l’éviction de la femme de leurs structures ? Ni la plate-forme d’El Kseur, encore moins une quelconque résolution des nombreux conclaves ne sont venus contredire ce constat. Le Mouvement citoyen de Kabylie, d’essence démocratique, se devait de prendre en charge un volet aussi important du combat pour les libertés. Comment taire des comportements mysogines et phallocratiques de tous les jours, de la part de «grosses cylindrées» démocratiques ? Ces dernières, et d’une façon saisonnière, clament leurs convictions sur la question, après avoir enfermé leurs femmes et leurs sœurs à double tour à la maison.Enfin, comment perdre de vue la possibilité offerte au combat émancipateur de la femme, dès que l’initiative n’émanerait pas des «parrains» de la cause. L’exemple type nous est offert par le non-débat (si ce n’est de la part des islamo-conservateurs) quant aux amendements du code de la famille, proposés par le président de la République. Ce dernier s’est retrouvé seul face aux conservateurs et a mené bataille sans l’apport de quiconque. Du côté des «démocrates» l’on ne semblait guère inquiet, ni intéressé par le code de la famille. Ce silence est justifié par deux préalables. Le premier consiste à dire que Bouteflika est l’allié des islamistes, et donc nos «démocrates» ne pouvaient se déjuger en soutenant son texte qui constitue une avancée remarquable. Le deuxième préalable, en corrélation avec le premier, consiste en le rejet pur et simple de toute proposition n’émanant pas des «parrains». D’ailleurs, cette attitude a été vécue le jour où tamazight a été constitutionnalisée en tant que langue nationale. Ces gens-là nous expliquent que personne dans le pays, en dehors d’eux bien sûr, ne peut construire ni faire avancer une question ou un combat.Les mêmes «gourous» observent un silence radio concernant l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation internationale de la francophonie. Idem pour la signature de la convention avec l’Union européenne et l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce. Et pourtant, tous ces chapitres existent bel et bien dans leurs programmes et constituent des charpentes pour certains d’entre eux. La devise paraît de plus en plus claire : «Rien ne doit bouger, attendez moi…». Mais comme eux ils ne bougent point, ils veulent décréter un immobilisme national, afin de maintenir en l’état les fonds de commerce. Alors bonne fête mesdames et… à demain.

Chérif Amayas

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