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Une pharmacie à ciel ouvert

Ce n’est pas un fait du hasard. La richesse faunistique et floristique a été le principale motivation et ce n’est qu’avec bonheur que nous rencontrons des espèces de plantes qui ne se trouvent que dans ce site privilégié par la nature, contrairement à ‘homme qui lui fait subir maints affronts (incendies, extractions sauvages de la pierre, arrachage de plantes, écobuages… etc). En dépit de toutes ces agressions, subsistent encore certaines plantes dites endémiques, qui ne poussent qu’au Djurdjura. Elles sont au nombre de 21. Que ce soit dans la médecine populaire de nos anciens, ou en phytothérapie ces plantes sont une véritable pharmacie à ciel ouvert. Cueillir sous certaines conditions ces plantes est toléré, la principale bêtise étant de ne pas arracher, mais de garder toujours les racines de la plante prélevée. Toutes ces plantes sont d’une extrême importance et sont très recherchées par les laboratoires, qui les utilisent dans les travaux d’expérience de l’industrie pharmaceutique et de la phytothérapie qui est une science moderne enseignée dans les universités les plus renommées des grands de ce monde, les Etats-Unis, l’Allemagne, la Hollande, la France… Tout a commencé par un cri d’alarme des herboristes français. Jusqu’au XVIIIème siècle, en France donc, le commerce de l’herboristerie était pratiquement dépourvu de toute réglementation. Une situation analogue à celle que nous connaissons en 2005 en Algérie. En 1778, la Faculté de Paris décerne le premier diplôme d’herboriste à un certain Edmee Gilliot, après un examen solennel, et c’est à partir de cette année que l’herboristerie fut officiellement reconnue parmi les professions se rattachant à l’art de guérir. Sous la Révolution française, une loi organique se rapportant à la pharmacie est venue codifier l’exercice de la profession d’herboriste, en précisant que pour obtenir le diplôme, il fallait subir avec succès, devant une Faculté de pharmacie, un examen prouvant que le candidat connaissait parfaitement les plantes médicinales. Mais en dépit de cette loi “Germinal”, il ne leur fut pas donnée la possibilité de poursuivre correctement leurs études. Devant cette carence, en 1926 la Fédération nationale des herboristes de France décide la création d’une école susceptible de donner aux postulants herboristes, un bagage scientifique satisfaisant. Les cours étaient dispensées par 3 directeurs és-sciences et un docteur en médecine. C’est sous l’occupation allemande que le gouvernement de Vichy avait décidé la suppression de la délivrance du diplôme d’herboriste par ordonnance du 23 mai 1945. Le Parlement n’a pas été appelé à donner son avis sur cette suppression pourtant jugée arbitraire. Depuis la Libération, quatre projets de loi ont été déposés pour faire renaître de ses cendres la profession, mais d’importants groupes financiers dans le secteur de la chimie, usent des pressions sur le Parlement afin d’empêcher la renaissance des herboristes français. Situation paradoxale, il existe environ 16500 herboristes-droguistes, pourvus d’un brevet délivré par des écoles professionnelles et reconnu par l’Etat dans l’ex-RFA. Aux Pays Bas, ce sont 4000 herboristes-droguistes qui exercent avec un brevet délivré après 3 ans d’études dans des écoles professionnelles reconnues par l’Etat. Bien meilleur en Italie, le diplôme d’herboriste est délivré par la Faculté de pharmacie. Un peu partout dans le monde, la phytothérapie est considérée comme un auxiliaire médical très précieux. En Algérie, en dépit de ses richesses extraordinaires en plantes médicinales, la profession et plantes sont abandonnées à des personnes qui n’ont rien à voir avec la phytothérapie. L’image de vendeurs de plantes qui proposent des tisanes et autres breuvages existe un peu partout dans nos villes et villages. Il serait temps que nos responsables s’y mettent pour réglementer cette activité.La création d’une société de phytothérapie serait la bienvenue. Sa mission était de répertorier toutes ces plantes, les valoriser et les exploiter commercialement. Un véritable marché existe. Au cours d’une de nos interviews, un expert agronome, nous a fait savoir que l’Algérie peut couvrir les besoins de l’Europe toute entière, ainsi que de l’Afrique. La raison est toute simple : notre pays n’est pas encore saturé par les pesticides utilisés en agriculture. Nos plantes saines, seront demandées à l’avenir sur le marché européen.Voici une liste non exhaustive des plantes que l’on peut rencontrer au Djurdjura. L’absinthe, le serpolet, l’origan, la camomille, le thym, le petit houx, le chiendent, le genévrier. “La fée” de la moyenne montagne étant l’absinthe dont la liqueur était très appréciée par les buveurs, les plus illustres étant Si Mohand U M’hand et Verlaine (Paul). La liqueur d’absinthe a été interdite en 1915, car elle provoque une dégénérescence du cerveau. Il y a aussi la lavande, l’aubépine, l’aulnée, la bruyère toutes utiles à notre santé et en abondance à qui sait en profiter.

M. Ouaneche

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