Bgayet : La médecine du travail, malade de ses errements

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« Mon employeur a profité du fait que je sois en arrêt de travail pour cause d’accident, pour me notifier ma mise à l’écart, sans autre forme de procès, ni la moindre indemnité », s’offusque un ex-manutentionnaire d’une entreprise privée de la ZAC de Taharacht.

« La médecine du travail n’existe que sur papier car dans les faits, les travailleurs sont exposés à tous les risques et à tous les dangers, qu’ils sont obligés de supporter en silence, sous peine de licenciement », relate un autre salarié chauffeur de son état.

La sécurité des travailleurs au sein de leur entreprise semble être le cadet des soucis de la plupart des employeurs de la wilaya de Bgayet.

Au moment où le nombre d’accidents et de maladies professionnelles sont en constante augmentation, la menace d’une altération de la santé des travailleurs résultant de ces deux facteurs hante l’esprit de ces derniers.

A se fier aux échos émanant de praticiens de la santé et de travailleurs, la prévention de ces risques qui est, en principe, assurée par l’employeur en faisant intervenir le médecin du travail au sein de l’entreprise, fait réellement défaut dans bien des cas.

« L’expérience nous a enseigné que beaucoup d’employeurs font tout pour se dérober à leur obligation légale de réduire les risques, d’assurer la sécurité des salariés et de protéger leur santé physique et mentale», atteste un médecin du secteur privé d’Akbou.

Pour notre interlocuteur qui estime que la prise en charge de la santé des travailleurs nécessite la conjonction de plusieurs disciplines, « les textes de loi protégeant le salarié existent mais ils sont, hélas, rarement appliqués », déplore-t-il.

Un autre médecin nous fera savoir que la plupart des employeurs contractent une convention avec les services de la médecine du travail mais ils ne font pas de suivi tel que les y obligent la loi.

« Beaucoup d’entreprises ont besoin d’une réelle mise à niveau pour se mettre au diapason des exigences de l’heure et se conformer aux nouvelles normes en matière de santé professionnelle », dira notre interlocuteur, qui plaide pour l’obligation de l’employeur d’élaborer un document unique dans lequel il identifierait les risques professionnels de son entreprise, compte tenu de l’activité exercée et mettrait en œuvre des actions de prévention avec l’appui du médecin du travail.

Par ailleurs, des experts en médecine du travail estiment que le système de gestion de la santé du travail est aux prises avec une multitude de lacunes se caractérisant notamment par l’absence de réglementation, de conditions d’hygiène et de sécurité conformes, de registres d’accidents de travail actualisés et d’analyse des risques de travail régulièrement mis à jour et tenant compte de l’évolution de l’environnement professionnel.

« Dans bien des cas, le médecin du travail, quoi que présent, ne joue pas son rôle primaire, celui de la prévention et de la prise en charge des soins au niveau de l’entreprise », nous confie-t-on.

N. Maouche

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