25 janvier 1956, bataille d’Alaouve / Des survivants racontent

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C’est en bordure de cette route que les maquisards ont décidé de mener cette première opération d’envergure. Les Français, qui se sont accrochés pour la première fois, dans la région avec les moudjahidine, sont naïvement tombés dans un double piège qui leur a coûté très cher en perte humaine. Le sergent Arezki usa d’une stratégie qui dénote une intelligence à laquelle les officiers français étaient loin de s’attendre venant de combattants mal équipés en armement, mal nourris et non rompus aux combats miliaires.

C’était l’une des premières batailles de la vallée de la Soummam et de la Wilaya III historique. La bataille d’Alaouve, puisque c’est d’elle dont il s’agit, a été préparée par un groupe de maquisards composé de 24 éléments et dont le chef n’est autre que le sergent Arezki Bessaoudi. Un moudjahid de la première heure et un meneur d’homme hors pair originaire du village Takerboust. Les narrateurs du récit de cette légendaire bataille sont trois moudjahidine ayant participé à l’embuscade tendue à un convoi militaire français, il s’agit de Belaïd Nessah, Mouloud Berkai (blessé durant l’accrochage et fait prisonnier) et de Ali Bounadi.

Hasard ou choix stratégique et symbolique du chef du groupe, nos interlocuteurs l’ignorent, les terrains où a été tendue l’embuscade appartiennent à plusieurs villages dont Chorfa, Selloum, Tiksighidene et Takerboust. Alaouve est une profonde vallée prise entre deux hautes collines, traversées par le ruisseau Assif Aghbalou et la RN 15.

C’est en bordure de cette route que les maquisards ont décidé de mener cette première opération d’envergure. Les Français, qui se sont accrochés pour la première fois, dans la région avec les moudjahidine, sont naïvement tombés dans un double piège qui leur a coûté très cher en perte humaine. Le sergent Arezki usa d’une stratégie qui dénote une intelligence à laquelle les officiers français étaient loin de s’attendre venant de combattants mal équipés en armement, mal nourris et non rompus aux combats miliaires.

Le groupe de Si Arezki commença par se montrer tôt le matin au village Takerboust, de manière à ce que leur présence soit signalée au bataillon Français stationné à Chorfa. Ce qui fut fait grâce aux hommes du Caïd qui se sont empressés pour leur rapporter l’information de la présence des moudjahidine. La réaction ne s’est pas faite attendre : un convoi militaire a été vite dépêché pour chasser les “rebelles”. Entre-temps, le groupe des Fidayines a quitté les lieux, en faisant le chemin inverse à celui pris par le convoi, et se mettre en position de combat, attendant le retour de ce convoi qui doit obligatoirement emprunter le même itinéraire qui constitue l’unique route carrossable. Un convoi composé de 9 véhicules soit : 3 blindés, 5 camions transporteurs de troupes GMC et une jeep de l’officier. Les moudjahidine, au nombre de 24, prennent position le long d’un tronçon de cette route sur environ 500 mètres. Les combattants qui ont posé une bombe au milieu de la route ouvrirent le feu après que le véhicule de tête, la jeep occupée par l’officier, ne soit pulvérisée par la bombe. Les soldats français, privés de leur officier mort dans la jeep, et pris de panique, se sont retrouvés sous un feu nourri, qui les décima. Leur perte était estimée à 40 soldats morts. Du côté des moudjahidine, l’on déplore 4 martyrs et 1 blessé fait prisonnier, en l’occurrence M. Mouloud Berkai (encore en vie). Les hommes du sergent Arezki qui se sont retrouvés à court de munitions décrochèrent à la tombée de la nuit, quelques minutes seulement avant l’arrivée des renforts des troupes françaises, ils s’éparpillèrent à la faveur des ténèbres et se retrouvèrent au village Ibijiouen (Ath Mlikech) en zone 2. Ce 25 janvier 1956, les Fidayines avaient en tout et pour tout comme armement automatique, 1 fusil Garant, 1 fusil masse 36, 01 mat 49 et 1 Sten anglaise, le reste sont des fusils de chasse. Cela ne les a pas empêchés de tenir tête, durant plus de 5 heures, le temps qu’a duré l’accrochage, de 15h à 21h, à une armada de soldats Français lourdement armés. Un des moudjahidine blessé et fait prisonnier lors de cette bataille fut condamné à mort et fut sauvé in extremis par l’accord du cessez-le-feu. Ami Mouloud Berkai terrassé par le diabète a été amputé des deux jambes, condamné à finir ses jours dans un fauteuil roulant. La bataille d’Alaouve est restée gravée dans la mémoire collective de la région. Une stèle commémorative a été érigée sur les lieux de l’accrochage. Sur ce monument historique sont inscrits les noms des 4 martyrs tombés ce jour-là au champ d’honneur pour que vive l’Algérie libre et indépendante.

Oulaid Soualah

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