«J’ai vécu dans une famille algérienne à la fois traditionnelle et moderne, dans un milieu propice à la curiosité intellectuelle. C’est pourquoi j’ai publié après plusieurs années d’écriture, deux romans chez Edilivre. Le premier est le fruit d’une action conjointe entre mon mari – décédé depuis le 18 avril 2009 malheureusement sans avoir eu le plaisir de voir son roman publié – le deuxième est de ma seule réflexion autour d’une vieille demeure située à la frontière entre l’Algérie et le Maroc, qui nous tient à cœur.»
Dans son premier roman (Le destin de Akli), le personnage principal, Akli, est né en Kabylie, dans une petite localité faite de quelques maisonnettes, sur le flanc d’une montagne. Il se souvient des conditions de vie injustes dans lesquelles vivaient les siens, avant qu’ils ne quittent ce lieu pour s’installer, en famille, à Alger ; il n’avait que cinq ou six ans. Mais sa mémoire a gardé intacts les moindres détails des moments passés à la Casbah, quand les Américains déambulaient dans ses ruelles, leur chewing-gum dans la bouche, lors de la deuxième guerre mondiale ; quand les tramways traversaient les artères d’Alger, et quand crépitèrent les premières armes de la guerre de libération. Puis vint l’indépendance de l’Algérie, et les composantes d’une existence nouvelle: pleine de joies et de peines. Il décrit avec humour, naïveté et douleur, les différentes épreuves qui ont marqué sa vie d’Algérien libre. Son deuxième roman La vieille demeure abandonnée. Publié chez Edilivre en avril 2010 raconte l’histoire de Ismaïl, qui, passionnément épris des racines ancestrales, se met en quête de découvrir le passé de ses ascendants, dont plusieurs sources attestent l’origine Zénète. Il puise son inspiration dans la vieille maison familiale. Autrefois si pleine de vie, elle est aujourd’hui abandonnée à la solitude et aux délabrements. Toutefois, il fonde l’espoir qu’elle puisse miraculeusement renaître et favoriser des rencontres parentales. Il espère y voir, aussi, refleurir les arbres et écouter les voix qui peuplaient autrefois cet espace magique. ‘’Toujours en 1980, toute une région de l’Algérie se lança dans un mouvement de contestation exprimant des revendications des plus légitimes, contre un processus de dénigrement et de marginalisation d’une population demeurée attachée à ses racines, sa langue, ses coutumes. Tout a été fait pour confiner ce mouvement à un cadre régionaliste, alors qu’en vérité il exprimait des requêtes de dimension nationale, soit la reconnaissance identitaire, le respect des droits de l’homme et l’amélioration des conditions de vie ; ce mouvement aura pour nom ‘’le printemps berbère’’, célébré le 20 avril de chaque année, afin de perpétuer le message. Depuis, il n’aura de cesse de s’exprimer dans de nombreuses manifestations de colère, de désobéissance civile, de grèves, dont une des plus manifestes fut cette marche du 14 juin 2001, organisée par la coordination des Arouchs (comités de villages et quartiers) ; les Arouchs ont en fait pris le pas sur les partis, ‘’dont l’audience s’est réduite comme peau de chagrin’’. Cette marche, qui se voulait pacifique, a tout de même failli tourner au face-à-face fratricide; elle a drainé une foule immense, en provenance de toute la Kabylie ; les mauvaises langues disaient : – les Kabyles veulent envahir l’Algérois. Ou bien encore : – on a dit que c’était une marche pacifique, alors que les jeunes sont armés de gourdins. Je pense que la jeunesse a été manipulée des deux côtés, et beaucoup d’entre eux (les jeunes) sacrifiés ; cependant, la révolte de la Kabylie a touché d’autres régions algériennes, parce que également concernées par une réaction contre l’exclusion, le chômage, une scolarité défaillante, bref, la misère ! Il est vraisemblable que ce cri de détresse a été bien perçu par l’ensemble des Algériens……’&lsquo,; note Kouti,
à propos des événements du printemps noir de 2001 dans Le destin de Akli .
