Depuis plus de deux semaines, les caisses de l’exigue poste de Souk El Tenine sont en panne sèche. Le sinistre écriteau dit toujours : «Pas d’argent». La réponse qui revient sur la bouche des aimables guichetiers est : «La poste n’est pas approvisionnée en liquidités». Les usagers, les salariés et surtout les retraités (des personnes âgées et vulnérables) sont scandalisés par cette fâcheuse situation. Ce vieil homme du grand village d’Aït Abdelmoumène tonnera : «Il ne se sont pas seulement contentés de fermer la poste de notre village mais voila que même à Souk El Tenine, à Maatkas et à Tizi Ntléta il n’y a pas d’argent. Où va-t-on retirer nos pensions ? Est-il de mon age d’aller à Tizi-Ouzou ou à Boghni et de faire la chaîne pour quelques billets, alors que mes jambes ne tiennent plus debout ? Nous avons vécu toutes sortes de crises mais celle-là est unique. C’est même une première depuis l’indépendance». Le constat est en effet amer. Ne pas pouvoir retirer son argent est un phénomène incompréhensible et inadmissible. A l’approche de l’Aïd, les citoyens ne sauront plus quoi faire si la situation perdure. Les citoyens vivant en zone rurale sont au jour d’aujourd’hui incapables de retirer leur argent, d’acheter un sachet de lait, de se connecter à Internet du fait des déconnexions fréquentes, de boire à satiété même en hiver, à cause d’une mauvaise gestion et la liste est encore longue. Sans parler de l’insécurité du chômage et de bien encore d’autres maux qui minent la société rurale. Du coup, les villageois se sentent livrés à eux-mêmes et abondonnés par l’état. A ce rythme, les citoyens devront revoir leur mode de vie et de renouer peut-être avec l’ancien mode : Une vache laitière, les ikoufan, les fontaines pour l’eau potable, une cheminée à bois pour les besoin de cuisine et de chauffage et une vielle pour raconter des histoires aux petits. C’est peut être meilleur comme ça !
Hocine Taib