2e partie et fin
Son âge avancé, sa barbe fleurie, sa longue expérience, font de lui une autorité incontestable. En sa présence, ils utilisent la formule consacrée : “-Ay amghar azemniK’etchnini tsavard’aNoukni d’et’farAyen ighd nnidh ath nedhfar(Sage des sages, tu es notre guide spirituel nous suivrons tous tes conseils.”Prenant la parole, il leur dit : cette femme est habitée par trois serpents, depuis très longtemps, pour s’en débarrasser, il faut la prendre par les pieds, lui faire boire “amadhagh” lentistique) broyé et la faire vomir après que la mixture eut fait son effet.De retour à thadarth (hameau), on fait boire à la jeune femme la plante recommandée. Pendue par les pieds, la tête renversée, la bouche grande ouverte, trois serpents noirs sortent de ses entrailles, dès qu’ils entrevoient un peu de lumière ils sont aussitôt abattus par l’aîné de ses sept frères, qui avait le sabre au clair. Comme par enchantement, la jeune fille se met à parler.Ses premiers mots prononcés sont : “Yemma, VavaMaman, papa !”Après ces émouvantes retrouvailles, tout le monde était heureux, mais quand arrive le temps de se quitter, commencent les difficultés. Les sept frères veulent prendre avec eux la jeune fille, tandis que ses parents s’opposent farouchement. Il ne veulent pas lâcher leur fille, maintenant que la providence la leur a ramenée après tant d’années. Le temps est très tendu, chacun veut faire valoir ses droits sur la jeune fille. Pour “thajmaât” il ne lui est guère facile de trancher en faveur de qui que ce soit. N’arrivant pas à démêler l’inextricable écheveau, les parents et les sept frères réclament toujours leurs droits. Il se quittent sur un temps orageux.Déçus, les sept frères retournant chez “Amghar azemni” (le vieux sage). Pour ne pas être reconnus de lui, ils se déguisent et s’enduisent le visage de suie (iselouane) et lui demandent audience.Après les premières salutations, d’usage, ils ne tardent pas à entrer dan le vif du sujet. Prenant la parole en premier, l’aîné lui dit : “-Ay amghar azemnivghigh ayi-d froudhthamsalt agi !(Sage des sages, je veux que tu me dénoues cette histoire que j’ai entendue !Des gens ont trouvé une jeune fille élevée dans la forêt par un troupeau de vaches, qui l’a nourrie au lait durant des années. Devenue jeune fille, elle fut délivrée par des chasseurs, malheureusement pour eux, en passant dans un hameau, elle fut reconnue par sa génétrice et son mari qui veulent la garder pour eux, alors qu’ils n’ont rien fait pour elle pendant de très longues années. Maintenant, nous qui sommes ici, nous voulons savoir de vive voix, de vous, lequel a plus de droits sur la fille, le père et la mère qui l’ont ignorée et considérée comme morte durant des années, ou les chasseurs qui l’ont trouvée et délivrée de sa condition d’animalité.”Réfléchissant un peu, le vieux sage dit : “-D’ouigad’its iselk’ennithni ig stahlenatsaouin id’senVavas d’yemmas lh’aq ou-th kesven !Ce sont ceux qui l’ont délivrée, qui ont tous les droits sur elle, contrairement à ses parents, qui ne savaient même pas qu’elle existai.” Rassurés par les paroles de “Amghar azemni” (vieux sage), qui avait deviné, malgré leur accoutrement, que c’était les sept frères qui sont déjà venus le voir il y a quelques jours et sont revenus la face cachée pour dissmuler leur honte en l’affrontant à visages découverts. Pour ne pas les humilier, il fait semblant de n’avoir rien vue. Conseillés par le vieux sage, sûrs de leur droit. Les sept frères se laissnt aller à des excès à l’insu de amghar azemni, qui ne s’attendait pas à ce que ses paroles étaient pour les sept frères une vraie autorisation d’ouvrir les hostilités.Armés jusqu’aux dents, ils se présentent au village de la jeune fille et demandent à la reprendre sans livrer bataille. Les parents de la jeune fille refusent et ameutent tous les hommes valides du village. Les habitants se dressent contre les sept frères, mais animés d’une volonté farouche, après quelques heures de bataille rangée, ils finissent par décimer tous les combattants et ramènent chez eux fièrement la belle jeune fille. L’œuvre pourrait en rester là, malheureusement, elle continua. Une fois chez eux, les sept frères réclament tous, des droits sur la jeune fille. Tout le monde voulait l’épouser. L’aîné déclare à tous qu’il en ferait son épouse, le puîné refuse, de même que tous les autres. Même le benjamin s’en mêle. Cette fille, d’une fatale beauté provoque entre les sept frères tous désireux de l’épouser, une guerre déclarée. Armés de leurs épées, ils s’entres-tuent jusqu’au dernier. Le cadet beaucoup plus fort et vigoureux que tous ses autres frères, les tuent un par un, pour avoir le droit à lui seul d’épouser la belle jeune fille, qui à cause d’elle un village a été décimé et six frères trépassés.“ »Our kefount eth’houdjay i nou pour kefoun ird’en tsemz’ine. As m-elâid’ ametch ak’soum ts h’em’zine ama ng’a thiouanz’iz’ine. » (Mes contes ne se terminent, comme ne se terminent le blé et l’orge. Le jour de l’aïd, nous mangerons de la viande avec des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).”
Benrejdal Lounès