La cueillette des champignons, une pratique ancestrale

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Habiter en campagne où les choses de la vie quotidienne manquent terriblement est souvent un défit, une peine à vivre, commele dit si bien le grand écrivain algérien Rachid Mimouni. Heureusement que la beauté du paysage et les préoccupations urbaines laissent tant de personnes s’inventer d’autres horizons, parfois d’autres refuges. Aller dans les bois à la quête des plantes sauvages est l’un de ces courts chemins qui mènent au monde fabuleux. Autrefois, les montagnards se nourrissaient même des plantes qui poussent dans la forêt. Ce temps est révolu. Mais des pratiques ancestrales demeurent comme au bon vieux temps, ou presque. Même si les besoins de notre époque se métamorphosent davantage. Cette année, la cueillette des champignons bat son plein, le climat est toujours propice à cette activité qui continue à faire le bonheur des enfants et des adultes. Dès le début de l’automne, les champignons poussent, sans cesse, sur hauts lieux froids, à l’instar de la commune d’Adekar, située près des hauteurs de l’Akfadou, à une vingtaine de kilomètres de la ville de Sidi Aïch, dans la willaya de Béjaïa. Mais puisque l’hiver tarde à céder sa place, la nature à encore de beaux jours à offrir à «Tireghla» ; comme on les appelle communément en Kabylie. Depuis quelques jours, les habitants des hautes collines investissent les champs à la recherche du délicieux aliment que les citadins ne découvrent que dans des boites de conserve importées d’Europe ou d’ailleurs. Contrairement aux pays nordiques où les champignons sont cultivés même dans des sous-sols, chez nous on se contente de les chercher dans la nature. Chaque après-midi, beaucoup de gens s’adonnent à la cueillette. Les bergers et les enfants rentrent, souvent, avec des sacs pleins de champignons. C’est n’est pas une tâche facile, car il faut faire plusieurs déplacements et se méfier des champignons dangereuses. Mais ça vaut toujours la peine, surtout que le doux climat joue encore les prolongations. Tout le monde se souvient que durant le printemps des années précédentes, la neige a accaparé les montagnes pour ne laisser point de place à de telles balades. Maintenant, ce n’est guère le cas. «Ça fait des années qu’on n’a pas eu droit à des champignons en plein printemps. C’est vraiment exceptionnel. Jadis, dès la fin du mois de novembre, le froid glacial empêche de telles plantes à pousser. La nature peut aussi changer ses règles. Ils n’y a pas que les êtres humains qui peuvent avoir des attitudes disproportionnées», ironise Na Fatima, une vieille de la région. Ce qui semble certain, la nature continue d’envoûter l’homme et d’enrichir ses rêves les plus fantastiques.

Ali Remzi

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