Tout comme pour les autres produits, la flambée des prix n’a pas épargné le cheptel ovin. « Pour avoir un mouton tout juste moyen, il faut aller au-delà de trente mille dinars » estime un revendeur. Au marché de la ville et ses alentours, les maquignons qui ont fait leur marché « dans les contrées arabes », selon une expression consacrée, se bousculent pour installer leur marchandise. Des dizaines de bêtes, dont les têtes se croisent, ruminent et attendent les acheteurs qui défilent, jaugeant des yeux la qualité des moutons. Plusieurs clients potentiels, passent, demandent les prix et s’en vont en hochant la tête. Cependant, ce ne sera que partie remise car ceux qui ont décidé de satisfaire au rituel du sacrifice ne seront pas rebutés par les prix. Ils reverront, peut être, leurs ambitions à la baisse, en achetant un agneau, plutôt qu’un bélier mais ne se désisteront pas. Nous nous approchons de deux belles bêtes, bien grasses. Leur propriétaire, un éleveur local nous apprend qu’elles sont âgées de quatorze mois et qu’il espère en tirer cinq millions de centimes, par tête. « Avec ces prix, il y a de quoi fuir le marché et ne plus penser au sacrifice » nous dit un père de famille fonctionnaire de son état. Même s’il est difficile de se frayer un passage, il faut reconnaître que la plupart de ceux qui encombrent les lieux sont des curieux, venus tâter le marché. Comme chaque année, les paysans ont déjà acheté leur mouton, depuis plusieurs mois, préférant les engraisser eux mêmes. La flambée des prix n’atteint finalement que les habitants des villes où ceux qui n’ont pas d’espace où garder leur mouton, pendant longtemps.
A.O.T.