Plusieurs organisations et collectifs de la société civile mais aussi des citoyens anonymes ont exprimé leur soulagement et satisfaction quant à l’issue positive du procès des huit non-jeûneurs d’Ighzer Amokrane. Encore une fois, la mobilisation citoyenne a payé les citoyens présents en masse devant l’entrée principale du tribunal correctionnel d’Akbou ont explosé de joie à l’annonce de la décision de relaxe, un ouf de soulagement !
L’acquittement des huit non-jeûneurs d’Ighzer Amokrane poursuivis pour atteinte à un précepte de l’islam prononcé hier, par le tribunal correctionnel d’Akbou est un acquis pour la liberté de culte et de conscience dans notre pays. C’est en tout cas les propos qui revenaient hier, en boucle auprès des dizaines de personnes qui se sont déplacées pour soutenir les prévenus.
Les organisations de la société civiles, des partis politiques ont également salué la décision rendue par le tribunal d’Akbou. Ainsi donc, après la satisfaction et le grand soulagement de toute la région de l’ex Michelet, voilà que Ighzer Amokrane respire à son tour après plusieurs semaines de pression et de tension nées des suites d’une affaire qui a tenue en haleine l’opinion nationale. Hier, les travées du tribunal correctionnel d’Akbou n’ont guère désempli. Une immense foule s’est massée à l’entrée, des slogans demandant le respect de la liberté de conscience et de culte ont été accrochés. La région a même abrité un colloque sur le sujet. C’est dire que la mobilisation citoyenne n’a guère faibli. De Aïn El Hammam à Ighzer Amokrane, les citoyens, les militants associatifs étaient là pour crier afin que justice soit faite dans une affaire qui n’a même pas lieu d’être. Le Congrès mondial amazigh dont le vice-président est Algérien était hier, présent sur les lieux du rassemblement de soutien aux huit prévenus, il a rendu publique une déclaration dans laquelle, il exprime son » indignation « quant à la campagne d’inquisition contre des jeunes accusés d’atteinte aux perceptes de l’islam » Juridiquement, il n’y a donc aucune raison d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre des non-jeûneurs. De plus, la Constitution algérienne prévoit dans son article 36 que « la liberté de conscience et la liberté d’opinion sont inviolables » note le Congrès mondial amazigh. Le CMA estime que le soutien de la population mais aussi l’absence de motifs légaux et légitimes de l’accusation, ont poussé le tribunal correctionnel de Aïn El Hammam et d’Ighzer Amokrane à rendre une décision en faveur des prévenus. Un jeune d’ Oum El Bouagui, a, cependant, été condamné pratiquement pour les mêmes motifs qui ont conduit à l’acquittement des dix jeunes en Kabylie. Le jeune Farés Bouchouata a été condamné à une peine de 2 ans de prison ferme et une amende de 100 000 DA d’amende. Le Congrès mondial amazigh a signifié sa désapprobation quant à une telle condamnation « le CMA exige l’abandon des poursuites judiciaires engagées contre tous les prévenus et l’annulation de la condamnation de Farés Bouchouata » lit-on dans la déclaration qui nous a été transmise. Autre point abordé le cas du militant du mouvement pour l’autonomie de la Kabylie présenté devant le tribunal de Bgayet fin octobre dernier « Tahar Amichi, membre du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) a été présenté le 31 octobre 2010, devant le tribunal de Bgayet (Bgayet), pour avoir collé des affiches en faveur de son mouvement au mois d’avril 2010. Devant un dossier vide, de motifs réels et sérieux et face à une population fortement mobilisée contre les injustices, le juge a reporté l’audience à une date ultérieure mais non déterminée. Est-ce que cela signifie la fin des poursuites judiciaires ou une façon de maintenir l’épée de Damoclès au-dessus de la tête d’un citoyen ? » S’interrogera le bureau exécutif du CMA. De son côté le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie a salué hier, dans une déclaration rendue publique, la décision du tribunal correctionnel d’Akbou et la mobilisation citoyenne qui a donné lieu à « Un non-lieu vient d’être rendu par le Tribunal d’Akbou pour les 8 inculpés d’Ighzer Amokrane, arrêtés pour avoir, à l’abri des regards, pris leur casse-croûte, à midi, durant le mois de Ramadhan. » Le deuxième du genre en quelques semaines seulement. Les membres du collectif SOS liberté et ceux de la Ligue algérienne des droits de l’Homme, ont également exprimé leur satisfaction après la relaxe dont a bénéficié les huit accusés qui pourront bien passer à autre chose, s’occuper de leur quotidien loin de toute pression, et de tout jugement. Après le procès de Aïn El Hammam et celui d’avant-hier, la Kabylie tourne enfin la page des délits de non observation du jeûne, en attendant peut-être le prochain Ramadhan.
Omar Zeghni
