La crise de lait ordinaire s’accentue dans la localité de Souk el Tenine et à travers toute la wilaya de Tizi Ouzou. Depuis l’annonce faite par les distributeurs et qui a été publiée sur les colonnes de notre journal, de recourir à une journée de protestation devant la laiterie de DBK. Voire même de suspendre l’activité de distribution. L’affolement a atteint un degré inimaginable, à tel point que les consommateurs ont fait l’objet de leur discussion et guettent le passage du moindre camion frigorifique. Il nous a été donné l’occasion d’être présent au moment propice samedi dernier, c’est-à-dire à l’arrivée du camion. En un laps de temps très court, des centaines de clients ont carrément phagocyté le camion, devenu du coup invisible. L’histoire des fourmis et de la figue sèche est toujours de mise. Bousculades, coup de coudes, brouhaha et toutes sortes de réflexes que l’ont croyait finalement à tort révolus sont réapparus. Certains jeunes non concernés s’amusent à filmer cette scène sortie d’un autre age avec leurs portables. Nordine, un jeune irrité par le comportement de ses compères s’étonnera : « ces gens peuvent en arriver aux mains pour un sachet de lait. Je n’ai jamais imaginé des scènes aussi honteuses de ma vie ». Les quelques centaines de sachets épuisés en un temps éclair, ceux qui n’ont pas pu mettre la main sur le précieux liquide tout essoufflés et malmenés n’auront qu’à revenir le lendemain pour une autre bataille. Pour le moment, les langues sont déliées et les rumeurs les plus folles circulent de bouche à oreille. Le prétexte du manque de la poudre de lait ne tient plus la route. L’augmentation du prix de ce produit subventionné par l’état est évoquée par les plus avertis. Un enseignant rencontré au chef-lieu pensera : « Le manque de poudre de lait n’est sûrement pas la vraie raison de cette pénurie. Si la poudre venait à manquer cela concernerait tout le pays. Il doit y avoir forcément une autre explication. Le privé quand il tient les rennes d’une filière, il fait sa loi et pense avant tout à ses intérêts ». En attendant de voire qu’en est- il exactement, les citoyens maintiennent le pied de grue devant les quelques rares privés qui essayent de s’approvisionner avec leur propres moyens de transport pour soi disant faire plaisir à leur clientèle. Qu’importe si le prix est augmenté de cinq, voire de dix dinars le sachet pour certains commerçants véreux. Le prix finalement importe peu pour beaucoup de citoyens. Les consommateurs doivent comprendre que leur affolement est provoqué pour renflouer les caisses des suceurs de sang humain. Boire le lait courant ne guéri pas et s’en passer ne tuera point. Alors…
Hocine Taib