Après avoir culminé à un peu plus de 70 USD, mardi dernier, le prix du pétrole recule. « Les prix du pétrole se repliaient vendredi matin, après l’annonce par plusieurs groupes de la remise en service prochaine de certains oléoducs et raffineries dans le golfe du Mexique, à la suite du passage de l’ouragan Katrina », annonce une dépêche AFP. A New York, le baril de « light sweet crude » pour livraison en octobre baissait de 46 cents à 69,01 dollars lors des échanges électroniques vers 10H00 GMT, ajoute la même source. A Londres, le baril de brent de la mer du Nord perdait 32 cents à 67,40 USD sur l’échéance d’octobre. Les dernières hausses sont à imputer au passage de l’ouragan Katrina, l’un des plus destructeurs qu’aient connu les USA, qui a causé de sérieux dégâts à huit importantes raffineries américaines (représentant environ 10% de la capacité totale de raffinage des Etats-Unis) ainsi qu’au réseau de transport. Aussi, les pertes cumulées depuis une semaine, quand les raffineries et plateformes pétrolières ont commencé à fermer en prévision de l’ouragan, s’élèvent pour le moment à 7,44 millions de barils, toujours selon l’AFP. Par ailleurs, dans l’objectif de pallier à la pénurie de carburant due au passage de cyclone Katrina, les Etats-Unis ont pris, hier, la décision, conjointement avec les autres membres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), de puiser dans leurs réserves stratégiques de pétrole. Une décision qui intervient au moment où les prix de l’essence continuent de s’envoler à la pompe après les ravages de Katrina. Cette action, qui sera menée par les 26 membres de l’AIE, consiste à puiser 2 millions de barils/jour durant 30 jours.
Un marché sous pression Globalement, les marchés pétroliers sont soumis, depuis quelques années à des pressions de toutes parts. D’un côté, une demande mondiale sans cesse croissante, menée notamment par la Chine, qui connaît depuis quelque temps une très forte croissance économique. D’un autre, les capacités de raffinage insuffisantes, jumelées aux « caprices » climatiques qui touchent les installations pétrolières et perturbent la production, dont la dernière en date est le cyclone Katrina. Sans omettre les facteurs politiques (situation explosive au Moyen-Orient) qui fragilisent la stabilité des marchés, à la merci de la moindre spéculation. Lors de son passage à l’APN, à l’occasion de l’ouverture de sa session d’automne, notre ministre de l’Energie et des mines, Chakib Khelil, reviendra sur quelques-uns des facteurs cités précédemment, pour expliquer les envolées des prix du brut. Selon lui, il est très difficile de prévoir avec exactitude les prix du cours, même dans un avenir très proche. Il se focalisera également sur la disparité en matière de raffinage, qui existe entre les pays producteurs de pétrole. Il va de soi de dire que la flambée du pétrole, qui s’est installée dans le temps, arrange les pays producteurs de pétrole, dont l’Algérie, qui met sur le marché quotidiennement près de 1,3 million de barils. En 2004, nos recettes de pétrole dépassaient les 30 milliards USD, à la fin de cette année, il est prévu qu’elles avoisineront les 40 milliards USD. Une vraie aubaine. Ce qui l’est moins, par contre, ce sont les produits que nous importons qui connaîtront forcément des hausses, puisque toutes les industries mondiales (ajoutées au transport) dépendent directement des hydrocarbures. Un autre point tout aussi important, l’Algérie vend son pétrole en dollars mais importe en euros. Chose qui joue en sa défaveur en connaissant la faiblesse du dollar par rapport à la monnaie européenne.
Le Sahara Blend ou le pétrole made in AlgeriaDans un souci informatif et instructif, il est utile d’éclairer le commun des lecteurs sur certaines données ou informations, qu’il voit défiler tous les jours à la télévision ou dans la presse sans pour autant en saisir parfaitement la subtilité ou le discernement qui s’impose. Tout d’abord, il convient d’apporter un léger éclaircissement (même de taille), à ce que le commun de nos concitoyens prend pour une référence : le prix du pétrole. Il y a quelques jours le prix du pétrole a atteint la barre de 70 dollars le baril. Dans l’esprit de monsieur tout le monde c’est le prix avec lequel l’Algérie vend son pétrole. La réalité est légèrement différente. Il faut savoir qu’il existe plusieurs variétés de pétrole. C’est la « Light sweet crude », la variété américaine qui est coté mardi dernier à 70,85 dollars le baril. Le pétrole produit par l’Algérie est de la variété dite « Sahara Blend », proche qualitativement du « Brent », le brut de la mer du Nord, coté comme la meilleure variété au monde. Ainsi, pour situer le pétrole algérien en matière de prix, il faut jeter un coup d’œil au prix du Brent. Vendredi le baril de la mer du Nord, était cédé à 67,40 dollars. Le Sahara Blend algérien est inférieur de quelques centimes par rapport au prix du Brent. Cela étant, il faut souligner que le pétrole algérien est très léger. Il est par conséquent mieux indiqué pour la fabrication des carburants (essence, mazout, kérosène…). En revanche, pour la fabrication des autres produits pétroliers comme le bitume, on a besoin du pétrole lourd. L’Algérie, afin de satisfaire ses besoins en cette matière est obligée d’avoir recours à l’importation.
Elias Ben